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Les Fabuleux

15 juillet 2015

Un critique qui m'avait échappé...

Voici une note de lecture des Fabuleux qui m'avait échappé, et c'est bien dommage. J'en profite pour signaler à cette bloggueuse (et à tout visiteur de passage par ici) la sortie prochaine du Royaume des Sept-Tours, chez Scrineo Jeunesse, le 20 août prochain.

Le site s'appelle The Witch Library : http://thewitchlibrary.blogspot.fr/2013/04/les-fabuleux.html#comment-form

Merci à son auteure...

Les Fabuleux d'Arthur Ténor


Editions : Scrineo Jeunesse
Année de parution : 2013
Nombre de page : 386

Résumé 4ème de couverture :
Julius Kovalch, un physicien de renommée mondiale, parvient, à l'aide d'un hyperaccélérateur de particules, à atteindre la frontière la plus ultime de l'univers physique ! Ainsi s'ouvre la première brèche quantique entre la matière et l'esprit, le réel et l'Imaginaire, une porte à travers laquelle Julius et sa fille Serena, s'apprêtent à découvrir l'un des infinimondes de l'Imaginaire, le Royaume des Sept Tours et ses créatures extraordinaires, les Fabuleux.... Quelles menaces font peser l'Homme et ses instincts de conquérant sur ce Royaume à l'équilibre fragile ? Jusqu'où les Fabuleux devront)ils aller pour survivre ?
 
Un grand merci aux éditions Scrineo-Jeunesse et à Livraddict pour ce partenariat !

 

Mon avis
 
Les Fabuleux est un roman fantastique jeunesse. C'est une histoire pleine d'humour, de rebondissements, de personnages drôles et attachants et surtout, pleine de rêves. Car oui, les thèmes principaux de ce livre sont le rêve et l'imaginaire. 
 
 
Une histoire très intéressante
 
L'intrigue suit les aventures de Julius et Serena Kovalch, un père et sa fille scientifiques qui vont réussir à ouvrir une brèche vers un autre monde : un monde plein de magie et de fantasy. Les recherches ayant été financées par le jeune P-DG Clément Lauzin, Julius et Serena vont devoir tout mettre en oeuvre pour sauver ce nouveau monde merveilleux de ce surdoué des affaires, qui y voit un excellent moyen de s'enrichir et de devenir célèbre. 
 
Mais si ce petit résumé peut faire sourire par son côté de déjà vu, ne vous y laissez pas méprendre. Les Fabuleux est un livre un peu plus complexe que cela. Les personnages ne sont pas tout bons tout mauvais. Cette histoire pose de nombreuses questions d'éthique et de morale. Négociation, tolérance et deuxième chance sont des notions très présentes. Vraiment, c'est un excellent livre jeunesse.
 
 
Une excellente plume
 
Du début à la fin, je me suis régalée. L'auteur a un humour qui m'a tout de suite séduite. Dans les descriptions ou dans les répliques, les clins d'oeil sont nombreux, et certaines phrases sont à tomber par-terre. Les personnages sont pétillants et pleins de malice. Leurs répliquent sont souvent tout d'ironie, de sarcasme et d'amour aussi. Un excellent cocktail pour lequel j'ai totalement craqué.
 
La lecture est fluide et très agréable, et les descriptions claires et pas excessivement nombreuses. Oui, ce roman se lit vite et bien. Le début peut paraitre un peu déconcertant avec tous les propos techniques et scientifiques qui y sont tenus. J'ai trouvé qu'il manquait peut être le personnage qui dit : " Heu, c'est à dire ? " et qui permet une explication plus claire sur ce qu'il se passe. Mais même si je me suis posée quelques questions lors de ces premiers chapitres, la suite est beaucoup plus fluide et facile d'accès au public lambda. Donc même ça, ce n'est pas un problème !
 
 
Une préquelle ?
 
C'est le premier livre que je lis d'Arthur Ténor, et si j'ai bien compris, il s'agit d'une préquelle au livre Voyage extraordinaire au Royaume des Sept Tours. J'avoue que je vais m'empresser de lire ce dernier. J'ai hâte de découvrir ce livre auquel a très certainement dû faire référence celui des Fabuleux et ceci, à plusieurs reprises. Ce sont ces mêmes références que je souhaite découvrir au plus vite.
 
 
-*-*-*-*-*-*-*-
 
Je remercie sincèrement les éditions Scrineo-Jeunesse et le site internet Livraddict qui m'ont choisie pour ce partenariat. C'était une excellente lecture, et j'ai hâte de lire Voyage extraordinaire au Royaume des Sept Tours. "
La couverture des 7 Tours qui sort dans un mois :

couv Amazon 7 Tours

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19 mai 2013

Lu sur...

Pour bien commencer la semaine...
LES FABULEUX
Auteur : Arthur Ténor
Genre : Fantasy

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RÉSUMÉ : Suite à une expérience qui tourne mal, Julius Kolvach crée un portail entre le réel et l’Imaginaire. Mais quand cette découverte va être annoncée, des hommes voudront en tirer profit. Quitte à mettre en danger cet Imaginaire …
AVIS : Ayant déjà lu deux tomes des « Voyages extraordinaires », j’ai été content que cette préquelle sorte. En effet, savoir comment ont été crée ces portails vers des mondes fantastiques est très intéressant.
Etant donné que le récit se passe avant les aventures de Thédric Tibert, il n’est pas étonnant que l’on y retrouve des lieux (Isparine) et des créatures (Nymphales, équineds) familiers.
Outre son côté fantasy qui permet au lecteur de s’évader dans un monde magique, l’auteur dénonce une chose qui, malheureusement, est bien trop souvent présente dans notre société, à savoir l’avidité, et plus précisément, l’avidité de l’argent. Ce livre montre en effet comment la bêtise (pour être poli) humaine peut mettre en danger un monde, même imaginaire. Cela donne à réfléchir …
Côté personnages, j’ai plutôt eu une bonne alchimie pour la plupart d’entre eux, et je me suis plu à m’imaginer être aux côtés d’elfes, dragons, et autres créatures fantastiques. A noter que l’un des personnages réserve une petite surprise au fil de l’histoire
« Les Fabuleux » est une lecture agréable, et ce mélange de fantasy et dénonciation en fin un coup de cœur.
COUVERTURE : « Les Fabuleux »a une très belle couverture qui représente, sans aucun doute, Julius et Serena Kovalch face à des frères-seigneurs, des hommes à dos de dragons. Le paysage dans lequel ils se trouvent est magnifique et donne au lecteur un avant-gout de ce dans quoi les héros se plongent.
MORALES : « C’est en rêvant que nous feront avancer notre réalité » / « La Sagesse veut que l’ont protège notre maison Terre, puisque nous n’en avons qu’une. »
NOTE : 5/5
C'est suite à la rencontre avec l'auteur sur Livraddict que j'ai eu envie de me plonger dans ce roman. Je savais un peu à quoi m'attendre mais je    ne m'attendais certainement pas à dévorer le livre aussi vite !   

       

Ce qui est tout d'abord à noter, c'est que l'auteur maîtrise parfaitement le genre du fantastique en commançant son récit par une situation banale virant à    l'extraordinaire et au fantastique, justement. Genre maîtrisé avec ce qui fait, à mon avis, l'originalité du roman : un retour régulier à la normalité et, si je puis dire, à la banalité de    situations quotidiennes. Il est rare de voir ce retour et je l'ai trouvé très appréciable.  

       

D'autre part, le style de l'auteur m'a beaucoup plu : mélanger les allusions littéraires et l'humour dans les dialogues dans un rythme effréné qui ne permet pas au    lecteur de fermer le roman, il faut le faire et Arthur Ténor le fait !  

Les personnages et la situation sont fabuleuses, c'est le cas de le dire, mais le style même de l'auteur entre dans le domaine du fabuleux et ça marche. Rien n'est    possible mais on y croit parce que l'auteur sait nous entrainer avec lui dans ce monde.  

       

Bon, le tout début pourra apparaitre comme un peu difficile d'accès par son côté scientifique. L'auteur utilise en effet le jargon de le physique et on peut s'y    perdre mais il ne faut pas s'arrêter à ça et finalement, comprendre ou non les allusions scientifiques n'a que peu d'importance dans la délectation que l'on a lors de la lecture.   

       

Le roman est donc complètement addictif, je l'ai avalé en deux jours à peine, et une fois qu'arrive la fin, on voudrait que cela continue. Il m'a été très difficile    de quitter les personnages au moment de refermer le roman et maintenant, j'ai très envie de découvrir les autres romans de l'auteur.  

       

Même si ce livre se situe au rayon jeunesse chez les éditeurs, je le conseille également aux adultes amatteurs de fantasy. Ils    devraient passer une excellant moment. Ca a été mon cas !

25 avril 2013

Une Sélection qui touche... droit au coeur.

Les Fabuleux est entré dans la Sélection du site Ricochet, et c'est une excellente nouvelle. Merci à Dominique Gentile pour sa chronique reproduite ci-dessous :

" L'avis de Ricochet

Arthur Ténor a écrit de nombreux romans destinés aux enfants et aux adolescents et il est à l’aise dans différents genres, que ce soit le roman histoire ou la fantasy. Il est aussi un excellent créateur d’univers. Entre 2006 et 2010, il s’est attelé à une série originale et passionnante, oscillant entre science-fiction et fantasy, Les Voyages extraordinaires . Quatre romans la composent : Au royaume des Sept ToursDans l’Empire des MondesSur le continent des ÉpopéesSur les terres du comte Dracula (éditions Plon jeunesse). Il y met en scène un explorateur nouvelle génération, Thédric Thibert, qui a accès, grâce aux progrès de la physique quantique, aux infinimondes de l’imaginaire. C’est donc dans l’imaginaire des humains qu’il évolue, où il rencontre les êtres et personnages nés de la force créatrice des écrivains. Une idée vertigineuse qui ouvre sur les paradoxes temporels et un champ d’investigation d’une grande richesse ! Son dernier roman, Les Fabuleux, est le récit origine des Voyages extraordinaires . Où, dans un futur proche, on fait la connaissance de Julius Kovalch, un physicien reconnu pour ses travaux de recherche, et de sa fille, Serena, scientifique elle aussi. Ils ont mis au point un accélérateur de particules, financé par Clément Lauzin, un homme d’affaires richissime. Ils parviennent à créer un disque étrange qui n’a pas d’envers et qui, pensent-ils, est un trou dans le réel. Commence alors le temps de l’exploration du monde accessible par le disque. Julius et Serena s’y aventurent les premiers et découvrent un royaume où se côtoient humains et elfes, où les chevaliers montent d’étranges animaux, où les elfes communiquent mentalement avec leurs dragons. Un monde où l’air est pur et où le temps s’écoule à un autre rythme. L’arrivée des deux scientifiques dans cet univers imaginaire menace d’emblée son équilibre. Et cela ne s’arrange pas lorsque les hommes d’affaires s’en mêlent, voulant le transformer en parc d’attraction. A travers ce récit qui ne manque ni de souffle ni de poésie, Arthur Ténor pose les questions du rapport que les humains entretiennent avec leur environnement, celle de l’éthique scientifique, de la colonisation et du profit. Un roman intelligemment mené, bien écrit et intéressant sur le fond. "
Un autre retour de lecture des plus encourageants :

Grâce à ses Voyages Extraordinaires, Arthur Ténor a ouvert l’Imaginaire à ses lecteurs. C’est là que vivent les dragons, les elfes, les nymphales et toutes les créatures qui peuplent les livres ou les films. Au royaume des 7 Tours, Dans l’empire des mondes, Sur le continent des épopées et Sur les terres du comte Dracula explorent donc ce que l’auteur nomme les infinimondes. Mais comment l’homme a-t-il découvert cet autre monde de l’autre côté du réel ? Comment a-t-il réagi face à cette découverte ? Les fabuleux y répond puisque ce roman est la préquelle de toutes ces aventures parues aux éditions Plon. Débutants ou grands amateurs des récits de celui qui a aussi écrit Le livre dont vous êtes la victime, L’enfer au collège ou la formidable série intitulée L’elfe au dragon, tous se régaleront de cet ouvrage qui les emmènera là où tout a commencé.

Et quel commencement ! Julius Kovalch est physicien, il travaille avec sa fille, Serena, et ensemble ils découvrent une brèche quantique. Sans hésiter, au risque d’être blessées, ils peuvent traverser cette porte que les habitants de l’Imaginaire, eux, ne peuvent emprunter puisqu’ils n’existent pas. Les terriens ont alors un grand avantage sur ces êtres qui ignorent tout de leurs coutumes et de leur nature qui peut se révéler irréfléchie et cruelle.

Clément Lauzin pour qui Julius travaille voit alors l’évidente opportunité de faire encore plus de business. Il est tel un John Hammond dont les créatures sont déjà prêtes à être mises en vitrines. Serena et Julius réussiront-ils à contrer les pulsions de leurs semblables quant à conquérir un royaume qui n’est pas le leur ?

Les fabuleux rend tout d’abord curieux puisque savoir comment les Voyages extraordinaires ont été possibles se pressent comme une expérience (presque) unique. Une excitation certaine est alors au rendez-vous et ne cesse de croître étant donné les péripéties autour desquelles les destins des personnages s’enroulent à une vitesse astronomique. Pour plus de mouvements, d’action et de frustrations, Arthur Ténor enchaînent les chapitres relativement courts mais pas des moins intenses.

Son roman est découpé en quatre parties : Le temps des explorateurs, Le temps des exploiteurs, Le temps de la mort et Le temps de la sagesse. Les titres avouent tout et, de moins en moins longues, ces fractions qui ont exposé et fait exploser un univers tout entier à ses dépends laissent doucement l’Imaginaire retourner chez lui pour se laisser offrir avec le respect qui lui est dû… en promettant d’y revenir, bien sur. Une lecture inspiratrice indispensable qui fait rêver tout en instruisant!

17 avril 2013

Autres chroniques... avec mon petit grain de sel.

Ci-dessous, un avis d'une lectrice " littéraire "... J'ajouterai, à l'attention des philosophes, qu'on pourrait aussi engager une réflexion, ou du moins s'interroger sur les mystères fondamentaux que nous permet de toucher du bout du doigt la physique de l'infiniment petit (dite quantique). Car comme le dit Julius Kovalch (après d'autres) : " Si le vide, ce n'est pas le rien. Alors, qu'est-ce ? " Peut-être un jour atteindra-t-on réellement la limite ultime du réel, comme on rêverait d'atteindre l'instant premier de l'univers, le Big Bang. Que trouvera-t-on au-delà du mur du réel ? " L'esprit " et donc l'Imaginaire, comme on le découvre dans les Fabuleux ? Ou peut-être un univers paralèlle qui n'est pas " humain "... Voilà peut-être un nouveau sujet pour un nouveau roman... quantique ;) ?

C'est sur le blog des Lectures de Lulu : http://leslecturesdelulu.blogspot.fr/2013/04/les-fabuleux-de-arthur-tenor.html

Pourquoi lire ce livre?

Ce qui m'a tout de suite accroché quand j'ai lu le résumé du roman, c'est le mélange entre le réel et le fantastique. Le monde de l'imaginaire est je trouve très intéressant et riche. Lorsqu'on fait appel à notre imagination on peut s'attendre à tout. Ainsi, dans le cas présent, l'auteur mélange divers univers fantastique, tiré de nombreuses légendes ou références littéraires. Nos héros sont donc amené à rencontrer des Orques, des Efles et autres créatures mythiques. Dans l'ensemble j'ai donc beaucoup apprécié l'univers. Je m'y suis plongée très rapidement.
Toutefois, je nuancerais mes propos, en indiquant que j'ai eu du mal à rentrer dedans. Le début est beaucoup axé sur la science. Le début présente en effet, le métier du héros, scientifique dans l'âme, et sa machine qui va permettre de créer la brèche entre le réel et l'imaginaire. Je dois dire qu'étant une littéraire, quand on me parle de physique cantique j'ai beaucoup de mal...
Je suis donc bien rentré dans le récit à partir du moment où on pénétre dans le monde Imaginaire.
J'ai d'autant plus apprécié ma lecture que le style de l'auteur reste, malgré les références scientifiques, assez simple et facile à lire. L'intrigue est prenante malgré tout :  Kolvach qui est condamné à mort à cause d'une vision, Serena qui tente tout pour sauver son père, et l'éternel homme d'affaires qui veut envahir l'imaginaire...
Même si on retrouve dans cet univers, des créatures et une idée de base déjà exploitée précédement en littérature, j'ai trouvé très intéressant la réflexion sur la nature humaine et sa cupidité et cruauté.
Pourquoi l'homme a t'il toujours besoin de vouloir s'accaparer quelque chose qui ne lui appartient pas? Tel est la question.
Enfin, j'ai beaucoup aimé les personnages, surtout ceux du monde de l'Imaginaire. Une petite préférence pour le Guide Benth^^.
Pour Résumer :
1) Une histoire riche en rebondissement
2) Des personnages attachants
3) Une belle réflexion sur la nature humaine.
Conclusion : Encore un grand merci à Livraddict et à Scrinéo jeunesse pour m'avoir permis de découvrir cet auteur et son univers.
" [...] Passionnant et maîtrisé, j’ai vraiment apprécié suivre les aventures de Julius et sa fille, Serena Kovalch. C’est une aventure hors du commun qui parle à notre imaginaire, notre enfance ! Qui n’a jamais rêvé de découvrir une porte où les elfes existent ? À force de lire de la fantasy, vous pouvez vous douter qu’en ce qui me concerne, c’est un rêve que je fais très souvent.

 

Lorsque j’ai démarré la lecture du roman Les Fabuleux d’Arthur Ténor, j’avais des doutes sur la capacité de l’auteur à parvenir à maintenir l’intérêt du lecteur avec des personnages aussi peu enclin à la fantasy que des scientifiques… Mais contre toute attente, mes clichés ont volé en éclat dès l’instant où j’ai compris que nos deux héros avaient tout de Jane et son père, dans Tarzan. En quête d’aventures, de réponses mais l’esprit grand ouvert et les yeux pleins d’étoiles, ils me font penser à de grands enfants qui ne cessent de regarder autour d’eux avec le recul nécessaire pour apprécier ce que leur offre ce nouveau monde.

 

Le découpage est judicieux et se calque parfaitement à ce que nous pouvons attendre d’un tel voyage. Tout d’abord, Le temps des explorateurs est dédié à la découverte, à l’inconnu et franchement, c’est mon passage préféré. Tous ces personnages hauts en couleur dont nous faisons la rencontre, sont délectables. Chaque protagoniste a sa place au sein de cette histoire. J’ai rapidement pu m’identifier à Serena. Son caractère fortement inscrit dans son époque en fait une femme moderne, quelque peu désabusée mais qui ne s’empêche pas de rêver. Le duo familial est touchant, sa relation avec son père se justifie pleinement. Elle aime sincèrement son père de tout son cœur et la disparition de sa mère les a soudé.

 

Les sentiments sont très bien amenés tout le long du roman. L’amour y trouve une place marquante, avec Serena. Mais je ne vous en dis pas plus…

Ensuite, avec Le temps des exploiteurs, les événements se détériorent. Notre propre monde lorgne sur cet infinimonde. Lauzin a tout de l’exploiteur qui ne pense qu’au profit. Facile de le détester ! De l’autre côté, la vie de Julius ne tient plus qu’à un fil… Le danger est partout et l’action est au rendez-vous. Après cette partie qui fera monter votre tension, Le temps de la mort et Le temps de la sagesse suivront mais là, je vous laisse découvrir par vous-même le fin mot de cette histoire écrite d’une si belle plume !

 

Franchement, Les Fabuleux est une invitation à laisser parler son imaginaire ! Même si à certains moments, le roman pêche en originalité, il n’empêche que sa lecture du début à la fin reste un véritable plaisir ! Décidemment, Scrinéo ne cesse de satisfaire ma passion pour les histoires bien ficelées et propices à l’évasion ! "

Et un petit dernier pour la route !

Sur le blog de Smells Like Rock http://smellslikerock.wordpress.com/2013/04/23/les-fabuleux-arthur-tenor/ : "

Pour être honnête, avant de recevoir ce livre je n’en avais jamais entendu parlé. Et si je l’avais croisé en librairie, je ne pense pas que je l’aurai acheté. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne suis pas une grande fan de science fiction. J’ai adoré le seigneurs des anneaux mais je ne pense pas me lancer un jours dans les livres. Mais parfois le destin fait bien les choses puisque j’ai été très heureuse de ma lecture finalement.

Je vous l’accord les premiers chapitres sont assez durs à ingérer : beaucoup de mots techniques (hyper-synchrotron, particules atomiques,…..), de notions à comprendre et de personnages à assimiler. Pris de désespoir face aux mots techniques, j’ai presque abandonné ma lecture après le troisième chapitre. Et puis finalement, une fois que la brèche quantique fait sont apparition dans l’histoire et avec elle le monde des fabuleux, l’histoire se met en place et on prend beaucoup de plaisir à suivre Julius et sa fille Séréna dans leurs aventures.

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce livre est qu’il est divisé en quatre parties : le temps des explorateurs, le temps des exploiteurs, le temps de la mort et le temps de la sagesse. Ces parties découpent le livre et permette de bien séparer les différentes parties de l’histoire. Ensuite j’ai adoré me plonger dans le monde de l’imaginaire. Même si parfois les animaux décris sont difficile à imaginer, j’ai apprécier de me retrouver dans un monde peuplé d’elfes, de fées et de dragons. Les descriptions de se monde sont très bien faites et nous permette aisément d’imaginer les sublimes paysages que rencontre nos explorateurs. Le style d’Arthur Ténor est fluide ce qui rend la lecture très facile.

chaque chapitre, de nouveaux rebondissements nous pousse à lire le chapitre qui suit et pour une fois, ce n’est pas une histoire d’amour qui est le centre de l’histoire. Pourtant, il y en a bien une mais ce n’est qu’un agréable bonus. Ce livre m’a également amené à me poser beaucoup de questions sur la race humaine. Je suis sur que si un jour un tel monde peuplé d’êtres fantastiques venait à être découvert, les hommes chercheraient à en tirer partie pour se faire de l’argent plutôt que de tout faire pour le préserver…. C’est peut être pessimiste de penser ça mais malheureusement je pense que c’est une réalité.

On peux également noter que le livre renferme de nombreuses références à la trilogie du seigneurs des anneaux, ce qui est un agréable clin d’oeil et qui ravira les fans de la saga.

Je ne trouve pas de points négatifs à ce romans à par le fait que ses nombreux termes scientifiques peuvent rebuter certaines personnes (comme moi) mais finalement il n’y a rien d’insurmontable.

Pour conclure, une lecture plutôt agréable, une histoire prenante qui nous fait passer un très bon moment. Je vous le recommande ! "

6 mars 2013

Ca commence fort...

Pour se donner de l'optimisme, une chronique des Fabuleux, en avant-première avant sa sortie toute prochaine à présent. C'est sur le site http://maelynn.books.cowblog.fr/

http://maelynn.books.cowblog.fr/images/5sur5.jpg
Mon avis :
Cette lecture a été pour moi un gros coup de coeur ! Je pense qu'il n'y a pas d'autres mots pour définir un roman qui vous colle un sourire, que je qualifierais de "niais", du début à, pratiquement, la fin. De plus, j'admets ne pas avoir trouvé de défaut à ce livre. Si il faut en donner un, parce que c'est une question de vie ou de mort, je dirais que j'ai trouvé l'histoire trop courte. Mais comme c'est une "introduction" à une autre histoire (du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre), ça ne me dérange absolument pas... Rentrons dans le vif du sujet ! A peine avais-je commencé le livre, que la première surprise est survenue... Au niveau des personnages. En lisant le résumé, je m'attendais à rencontré un un physicien et sa fille. Oui. Mais je m'attendais à un trentenaire et une enfant. Alors qu'en fait pas du tout ! On se retrouve à partager l'aventure d'une jeune femme, et de son père d'une cinquantaine d'année... Auquel il est impossible de ne pas s'attacher tellement ils sont sympathiques et ont un humour irrésistible. En tout cas, avec moi, la mayonnaise a bien pris (et c'est peu de le dire...), et j'ai juste complètement adoré leurs personnalités. Dans ce roman, on ne peut pas dire l'auteur ait développé le caractère de ses personnages en profondeur, mais ils restent, tant les principaux que les secondaires, singuliers et, comme dit précédemment : très sympathiques. Pour ce qui est du style d'Arthur Ténor, je me suis complètement laissée embarquer par sa façon d'écrire. Les mots étaient poignants, drôles, légers et enivrants. Et je dois dire qu'à aucune moment, je n'ai eu le réel sentiment de lire un roman jeunesse. Le vocabulaire utilisé n'est pas le vocabulaire du quotidien, bien qu'il ne soit pas non plus très compliqué. Pour moi, l'ensemble était vraiment très plaisant ! Pour vous parler du livre en lui même, j'ai apprécié qu'il soit séparés en différentes parties, et également que l'histoire soit composés de chapitres assez courts. Autre petite chose qui rend ce roman dynamique, c'est le fait que dans chaque chapitre, on a un point de vue différent. C'est quelque chose qui a fait que j'ai été captivée par cette lecture de façon presque instantanée. J'avais l'impression de regarder un épisode de ma série préféré à la télévision, quel pied ! Pour l'histoire, sans vous spoiler et vous gâcher le plaisir, je dirais que c'est un savant mélange entre Jurassic Park et Le seigneur des Anneaux. Le mélange science - héroïque fantasy peut faire peur, mais ici, j'ai trouvé que ce n'était vraiment pas choquant, au contraire, l'ensemble donne quelque chose de très homogène, que j'ai adoré découvrir. En conclusion, Arthur Ténor nous emmène dans un univers hors du commun, remplis d'humour, et d'humanité (dans le bon sens du terme), que j'encourage les amoureux de la fantasy en tout genre et de l'imaginaire à aller visiter de ce pas ! Sans restriction. Pour ma part, je vais me procurer Voyage extraordinaire au royaume des 7 tours le plus rapidement possible, parce que cette première rencontre avec l'auteur et son univers m'a vraiment convaincue !
" [...]Arthur Ténor maîtrise à merveille les codes de la fantasy et de l’univers de Tolkien, et nous y entraîne avec talent, profitant de l’occasion pour proposer une véritable réflexion sur l’imaginaire et le rêve, qui m’a parfois plongée dans des abîmes de perplexité. C’est drôle, c’est touchant, c’est plein d’action, c’est donc totalement réussi et j’ai pris beaucoup de plaisir avec cette lecture à la fois divertissante et enrichissante, j’en avais d’ailleurs bien besoin. Et puis, petite chose drôle : le roman se passe à Orléans et aux alentours, ou pourtant il ne se passe rien d’intéressant. Enfin, qui sait ? "
Lu sur Lirado.com " [...] Julius Kovalch, un brillant physicien fait une étrange mais passionnante découverte : grâce à un hyperaccélérateur de particules il est capable d'atteindre la frontière la plus ultime de l'univers physique ! En d'autres termes, il vient d'ouvrir la première brêche quantique qui permet à lui et sa fille Serena de découvrir de nouveaux royaumes...Mais n'y a t-il pas de dangers derrière cette brêche. Les Fabuleux raconte comment les incroyables mondes, qui servent de toiles de fond aux quatre romans de la série Les Voyages Extraordinaires (du même auteur), ont été découverts par l'inventeur de la première brêche quantique, Julius Kovalch. Les amateurs de la série d'Arthur Ténor, parue en 2006 chez Plon et vendue à des milliers d'exemplaires, en seront ravis ! Pour ma part, j'avais apprécié la lecture des deux premiers tomes, à savoir Voyages extraordinaires au royaume des sept tours et Voyage extraordinaire dans l'empire des Mondes, aussi j'étais intriguée et tentée par la lecture des origines de la série... Après lecture des Fabuleux, j'ai trouvé que ce roman était intéressant et agréable à lire. On plonge très rapidement dans le coeur de l'histoire puisqu'après à peine quelques chapitres, la brêche est ouverte et l'aventure commence. Ensuite, de multiples chapitres courts dans lequel il se passe toujours pleins de petits événements (ou de gros événements...) s'enchaînent. J'ai bien aimé ce principe de proposer des chapitres brefs et intenses car ça donne au roman du dynamisme. Le récit est dense et il s'y passe donc beaucoup de petites choses. cependant, j'ai trouvé que l'histoire avait un peu de mal à décoller. Je suis restée sur ma faim, ma soif d'aventures, même si Arthur Ténor manie avec toujours autant de brio l'art de raconter les histoires. Il m'a manqué le petit plus qui rend l'histoire passionnante. Après, j'avoue ne pas être trop dans une période "livres fantastiques" donc raccrocher avec le genre est un peu laborieux en ce moment ! J'ai bien aimé l'humour de Julius Kovalch et le ton humoristique de l'écriture d'Arthur Ténor ainsi que la fille du brillant physicien même si je la trouvais moins charismatique. Les personnages secondaires sont nombreux et intéressants à découvrir, mais moins fouillés que Julius et Séléna, ce qui est un peu regrettable. Ce qui est sûr c'est qu'Arthur Ténor a su créer son univers, peut-être pas très original dans la forme (on retrouve les elfes, les orques ou des dérivés de nos propres animaux) mais cohérent et avec ses singularités. De ce point de vue c'est un beau voyage ! Les Fabuleux c'est donc un prélude intéressant à la série des Voyages Ectraordinaires, qui nous embarque dans une histoire agréable et sympathique à lire, dans son univers bien à part et aux côtés de personnages attachants. Un roman fantastique que je verrais plus pour les 11-13 ans qui découvre les mondes imaginaires...une lecture très plaisante !
Lu sur http://leslecturesdefourmi.overblog.com/les-fabuleux-arthur-t%C3%A9nor : "[...] L’histoire commence avec le professeur Julius Kovalch, physicien de renommée mondiale. Un jour il ouvre une brèche entre le Réel et l’Imaginaire. Commence alors pour lui et sa fille une formidable aventure dans le royaume des 7 tours. Ils découvrent les Fabuleux, créatures issues de ce royaume aussi enchanteur que dangereux pour les hommes… 

J’ai été transportée par ce livre. Bon, au départ, j’ai eu vraiment beaucoup de mal ! On commence avec beaucoup d’explications sur la physique quantique et les particules… J’ai été assez vite perdue. Heureusement, au moment où la brèche s’ouvre tout devient plus clair. L’univers est extrêmement bien construit. On retrouve de nombreux petits clins d’œil au Seigneur des Anneaux, à mon plus grand bonheur étant une très grande fan ^^. 

On a énormément de mal à refermer le livre. L’histoire nous captive. On est à notre tour, à la suite du professeur et de sa fille, embarquer dans le royaume des Sept tours. C’est un roman très visuel. On arrive très bien à imaginer les lieux. 

Du côté des personnages, c’est aussi une belle réussite. Chacun est unique, a son caractère et sa propre vision des choses. Ce que j’ai apprécié, c’est qu’il n’y a ni méchants ni gentils. Chacun à son côté négatif ce qui les rend vraiment humains. C’est appréciable d’avoir un roman ou le monde n’est pas manichéen.

Le petit plus, c’est les trois épilogues. Ça m’a beaucoup fait rire ! Comme ça, on peut choisir sa fin

En conclusion, c’est un excellent roman que je conseille vivement ! "

 

Et sur... http://www.khimairaworld.com/les-fabuleux-2/ " [...] Ce fut un réel plaisir de lire ce livre. Un monde imaginaire avec des créatures typés très fantasy et pour autant, on ne rentre pas dans les clichés et la banalité. Doit-on privilégier ses ambitions à tout prix ? Tel est la question posée par Les Fabuleux. Encore une fois, les personnages sont dépeints à merveille : Julius Kolvach et son humour, Clément Lauzin le diable charmeur et Serena avec son caractère bien trempé. Même si la situation est grave, il y a toujours une pointe d’humour (l’entretien avec l’orque notamment). Et surtout, le suspense est immense, et on est ébahi par les tournures prises, pas de façon négative non, là fait tout le charme du récit. Je n’avais pas lu la série des Voyages extraordinaires, mais je dois dire qu’Arthur Ténor m’a convaincu en quelques pages de foncer sur la série ! "

 

Et encore sur http://asuna.eklablog.com/les-fabuleux-a80368692 " [...]Je ne connaissais pas l'auteur, je l'avoue, et je l'ai donc découvert grâce à ce partenariat. La couverture tout d'abord puis le résumé ont piqué ma curiosité. Et bien m'en a pris, j'ai passé un très bon moment et j'ai adoré cette lecture !

 

L'histoire mêle à mon sens 2 trames principales : la découverte d'un nouveau "monde", traitée de manière originale et intéressante, et la conquête de ce nouveau "monde", qui par contre, sans être d'une originalité inédite, est cependant elle aussi intéressante et bien menée. J'y ai trouvé un petit côté Jurassic Park qui n'a pas été pour me déplaire. La tension et le suspense montent crescendo, pas de temps mort ni de facilité dans les dénouements, les rebondissements sont légion et inattendus. Certaines scènes sont assez dures, ce qui donne au récit de la consistance, de la réalité (non, tout n'est pas tout beau qui finit bien).

 

De nombreux thèmes sont évidemment abordés, mais le thème principal, la propension de l'Homme pour la conquête, régner en maître absolu et diriger, m'a beaucoup touchée et parlé. Personnellement, j'y ai vu un fort parallèle avec la capture d'animaux sauvages, qui même si elle est parfois malheureusement nécessaire pour la sauvegarde de certaines espèces, n'est évidemment pas la meilleure des choses... J'ai trouvé que ce côté-là était extrêmement bien traité et criant de vérité.

 

L'univers créé par l'auteur m'a beaucoup plu, même si je regrette que certaines choses soient restées trop en surface. J'aurai aimé en savoir plus, beaucoup plus, sur ce monde, ses habitants, la faune et la flore ! Comme c'est frustrant ! Cependant, comme précisé sur la couverture, ce roman est le prologue aux Voyages Extraordinaires, je comprends donc, malgré ma frustration, que les descriptions ne soient pas plus creusées.

 

Les personnages sont tous différents et bien construits. Ça va du savant "fou", malicieux et farfelu, aux militaires stupides et obéissants au doigt et à l'oeil même aux ordres les plus aberrants, en passant par l'homme d'affaire froid et calculateur. J'ai trouvé cette palette intéressante, quoiqu'un peu cliché par moment. L'évolution des personnages est cependant palpable.

 

La mise en scène du livre est très originale ! 4 parties principales ayant chacune une trame propre, des chapitres relativement courts (de 2-3 pages à une dizaine environ) ainsi que des parties distinctes dans les chapitres, confèrent un bon rythme au roman. Le style d'écriture est très agréable, fluide, maîtrisé et travaillé.

 En résumé, une histoire intéressante sur un fond original, un subtil mélange de SF, de fantasy et une pointe d'époque médiévale, divers éléments qui donnent de la consistance et de la crédibilité au récit, et un style d'écriture fluide et extrêmement agréable, Les Fabuleux est pour moi un coup de coeur. Nul doute que j'ai envie de découvrir d'autres titres de l'auteur !

 

Et un grand merci aussi à Rex http://rexlit.wordpress.com/2013/03/15/les-fabuleux-darthur-tenor/: " Mon avis : Ce roman est un prologue à la série des Voyages Extraordinaires d’Arthur Ténor (à ne pas confondre avec les Voyages extraordinaires de Jules Vernes, si ce n’est qu’ils vous transportent depuis votre fauteuil). En effet, les Fabuleux se situe avant les quatre tomes lors de la découverte de la porte entre ces deux mondes.

J’ai au début eu un peu peur que le roman soit trop orienté jeunesse, mais on s’aperçoit vite que même si ce livre peut être lu par un adolescent, il possède une maturité assez forte pour être lu à tout âge avec plaisir. Il s’agit d’une réelle oeuvre de fantasy possédant certains codes de la fantasy épique.

 

Le plus gros défaut de ce livre est qu’il est trop court. Là où d’aucuns auraient fait deux tomes, l’auteur en réalise un seul. Ce choix est bien entendu totalement justifié à mon goût par son rôle de prologue à la série comportant aujourd’hui quatre tomes. Cependant cela n’a pas pu m’empêcher de constater un certain regret de devoir bientôt poser le livre en dépassant les trois quarts de celui-ci.

 

Le livre est découpé en quatre parties, chacune dirigée par une idée (l’exploration, l’exploitation, le destin et la sagesse). Les chapitres et les actions s’enchaînent rapidement, apportant une certaine vigueur à ce roman. Les situations s’enchaînent naturellement et chaque retournement de situation est facilement justifiable sans que l’auteur n’ait à inventer une histoire rocambolesque.

 

Concernant les personnages, l’histoire tourne autour des mêmes personnages principaux tout au long de l’action. Ils verront leurs rôles évoluer au cours de l’histoire et seront rejoint par des personnages secondaires apportant une réelle valeur au roman. Les caractères autant physique que psychologique des personnages ne sont pas extrêmement détaillés ce qui nous permet de laisser notre imaginaire libre sur certains comportements et choix des personnages principaux et secondaires.

 

Pour conclure, j’ai franchement accroché à ce livre qui m’a très nettement encouragée à me plonger dans la série des Voyages Extraordinaires que je n’ai pas encore lu !

 

Je remercie Livraddict et les éditions Scrineo Jeunesse pour leur confiance et pour cette découverte dans le cadre de ce partenariat.

 

La note de Rex

 

 

 

4 sur 5

 

 

 Et sur le site Le boudoir des livres http://le-boudoir-des-livres.over-blog.com/article-les-fabuleux-de-arthur-tenor-116846153.html :

Mon avis:  Malgré(grande) ma pile à lire j'ai quand même postulé sur Livraddict pour" Les Fabuleux" de Arthur Ténor. Et grand bien m'en a pris !!! Je    remercie la team de Livraddict de nous avoir proposé ce partenariat  et de m'avoir donné la chance de pouvoir le lire. Je remercie également les    éditions Scrinéo Jeunesse.  

J'ai adoré, une très belle découverte que cette lecture "jeunesse" mais pas que !!! Ce livre plaira tout aussi bien aux adultes d'un âge    certain qu'aux jeunes adultes. Il plaira tout simplement à tous  lecteurs qui aiment fantasy mais pas exclusivement non plus.  

"Une brèche entre le réel et l'imaginaire" un rêve fait "réalité" par l'auteur de ce livre. J'ai totalement adhéré à cette idée génial et j'ai    adoré ce livre.  

Qu'est-ce que je n'ai pas aimé dans ce roman ? rien, absolument rien. J'ai tout apprécié, l'histoire, les personnage, le style, tout !  

L'histoire avec ce passage vers  un monde d'elfes, de chevaliers, de créatures fantastiques qui    peuplent mes lectures fantasy est un régal même en prenant en compte les êtres moins sympathiques tels que les orcs.  

Les personnages, j'ai tout de suite apprécié Julius et sa fille Serena. Cette dernière rêve dès que la brèche est portée à sa connaissance par    son père de rencontrer "un" Aragorn...elle n'est pas la seule ! et effectivement elle fera une belle rencontre et même plusieurs.  

De très belles rencontres aussi pour le lecteur, dont Inna et son alter ego Oxon.  

Ce voyage au Royaume des Sept Tours et des Fabuleux a été extraordinaire, un régal de lecture. Mais aussi de la colère face à la cupidité de    l'Humain.  

Ce roman est captivant du début à la fin, j'ai hâte de lire les Voyages Extraordinaires où je devrais normalement retrouver les mêmes    personnages à voir...  

En attendant je vous incite plus que vivement de lire ce livre absolument génial.  

 

 

 

     

 

 

 

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12 janvier 2013

Il arrive...

 

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Dans un futur proche, le physicien de renommée mondiale, Julius Kovalch, travaille sur l'une des énigmes les plus fabuleuses de la recherche fondamentale : la matière sombre, qui constitue 80 % de la masse totale de l'univers. Autrement dit, il cherche à percer le mystère du vide !
Cette quête, menée grâce à un hyper accélérateur de particules, va lui permettre d'atteindre, dans l'infiniment petit, la frontière la plus ultime de l'univers physique, celle au-delà de laquelle on entre dans… l'extraordinaire ! Et il fera mieux que cela, puisqu'il ouvrira une brèche quantique entre la matière et l'esprit, le réel et l'Imaginaire…
Ainsi sera faite la plus fabuleuse découverte scientifique, mais aussi spirituelle, de tous les temps, celle des « infinimondes de l'Imaginaire », à commencer par le Royaume des Sept Tours. Le temps des explorateurs commence. Mais vient très vite celui des exploiteurs qui mènera inéluctablement… au temps de la mort.

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2 février 2012

Les Fabuleux - Début de l'aventure

  

 Arthur TENOR

 

Les Fabuleux

 

 

  Le temps des explorateurs

 

1

Le choix de l'inconnu

 

            Le professeur Kovalch était le seul, sur les dix personnes présentes dans le centre de recherche, à ne rien dire ni bouger un cil. Assis face à la console de commande de l'hyper-synchrotron, l'accélérateur le plus puissant jamais construit et dont il était le principal concepteur, il semblait comme en état de torpeur, l'esprit et le corps paralysés par la décision qu'il s'apprêtait à prendre et qui, autour de lui, suscitait tant de discussions et de réactions véhémentes.

            Ce brouhaha de place de marché finit par lui devenir insupportable :

            – Faites silence ! S'il vous plaît. Laissez-moi réfléchir deux secondes tranquillement.

            De nouveau, son regard s'ancra, au-delà de la baie vitrée, sur la sphère luisante, hérissée de tuyaux et de câbles électriques de diverses dimensions. C'était la chambre de collisions, en ultravide, d'un volume permettant à un homme de s'y tenir debout. Pourtant, l'espace où venaient se percuter les particules atomiques, propulsées par magnétisme dans un anneau de dix kilomètres de circonférence, n'excédait pas la grosseur d'une tête d'épingle. En se désintégrant, ces infimes fragments de matière inscrivaient sur les capteurs des traces semblables à des griffures sur une plaque métallique, que les scientifiques passaient ensuite des semaines à interpréter. On appelait cela la recherche fondamentale. Dans le domaine de la physique quantique, celle de l'infiniment petit où les lois classiques n'ont plus cours, elle touchait vraiment au fondement de tout, comme on touche à l'ultime en étudiant le premier instant de l'univers, ironiquement appelé « Big Bang » en 1950 par le physicien Fred Hoyle.

            Le professeur Julius Kovalch était certainement l'un des plus grands spécialistes mondiaux de cette discipline où l'absurde devient raison, l'incohérent logique probabiliste. Mais davantage que la matière, ce qui intéressait et même obsédait ce brillant cerveau d'une cinquantaine d'années, c'était le vide !

            « Puisque le vide n'est pas le rien, qu'est-ce ? »

            Pour tenter de répondre à cette question d'apparence si simple, il avait conçu l'hyper-synchrotron et consacrait l'intégralité de son temps, depuis des années, à la compréhension du vide. Il avait acquis l'intime conviction qu'en lui se nichait la clé d'une autre énigme de la science moderne : la matière sombre, autrement appelée « masse manquante », c'est-à-dire ces 90 % du contenu de l'univers que la théorie avait révélés, mais pas l'observation.

            – Qu'est-ce que vous voulez prouver, professeur ? Que vous êtes le savant le plus fou de la Terre !

            L'interpellation fit tressaillir le scientifique, non pas par son contenu, mais parce que son esprit était entré dans un état de « suspension » proche de celui qu'il atteint lorsqu'il se livre à sa non-activité favorite, la méditation zen. Il leva les yeux pour considérer l'élégant quadra en costume gris qui venait de l'apostropher. Il s'appelait Clément Lauzin, un nom aussi banal que son sens des affaires était exceptionnel.

            Une lueur d'espièglerie anima le regard bleu ciel de Kovalch. 

            – Pourquoi prouver ce qui est déjà ? Bien sûr que je suis le savant le plus fou de la Terre ! C'est d'ailleurs pour cela que vous financez mes recherches, et parce que je suis le plus têtu, et aussi parce que j'ai convaincu nos hautes instances publiques de nouer un juteux partenariat avec vous.

            Il reporta son attention sur l'impressionnante installation de l'hyper-synchrotron, dont l'aluminium étincelait sous les puissantes lampes de la voûte du centre de recherche. Plusieurs techniciens en combinaison bleu clair, une charlotte sur les cheveux, papillonnaient autour, au ralenti, leur calepin  numérique à la main.

            – Si je savais ce que je veux prouver, je n'aurais plus besoin de le chercher, reprit-il pensivement.

            Le financier fit volte-face en émettant un borborygme d'agacement. Un autre personnage s'approcha, le savant type, en blouse blanche – Kovalch avait toujours travaillé en veste de tweed à chevrons et jeans élimés – lunettes cerclées, barbe fournie et embonpoint généreux – Kovalch portait des lentilles de contact et la mèche grisonnante ondulant avec soin, car il était un chercheur coquet !

            – Professeur, en poussant la machine au-delà des limites que vous avez vous-même fixées…

            – Et alors ? le coupa Kovalch en le fusillant du regard. Qu'est-ce qui vous fait peur, Grossian ? Dépasser les limites, c'est entrer dans l'inconnu, c'est-à-dire dans l'exploration. À quoi servirait donc cette machine, comme vous dites, s'il s'agissait de rester dans le monde du connu, du calculé et même du probable ? Ma décision est prise. Je vous remercie d'avoir contribué à ma réflexion. Le temps de l'action est venu ! Équipage, sur le pont ! Branle-bas de combat ! Flavien, entre dans le serveur les paramètres que je t'ai donnés tout à l'heure. Grossian, à la manœuvre… Allez, mon vieux, au boulot !

            Le staff d'ingénieurs et de techniciens supérieurs, tous hautement qualifiés, commença à s'animer mollement. Puis quelques-uns, les plus jeunes, commencèrent à s'enthousiasmer, prenant conscience que ce qu'ils s'apprêtaient à faire n'avait jamais été tenté, à savoir pulvériser tous les records d'énergie mise en œuvre pour réaliser une collision atomique. Voilà qui pouvait entrer dans l'histoire de la physique comme l'exploit du siècle… ou bien le fiasco technologique le plus coûteux de la décennie. Mais cela concernait seul Clément Lauzin, PDG de Quantum SA. Le malheureux s'en souviendrait alors comme de l'exploit de sa vie, celui qui aurait atomisé sa carrière.

            Ce risque certain n'était pas entré dans le raisonnement du physicien durant sa « suspension » de conscience. Aucun calcul ne l'avait aidé à trancher le dilemme, ni même une intuition. Il s'agissait juste pour lui d'un acte créateur, parce qu'il dépendait uniquement de sa volonté. « Je le veux, s'était-il dit. Et puisque je le peux, je le fais ! » Ainsi fut prise sa décision, lui procurant un pincement d'émotion, puis un apaisement réconfortant. Il s'était quand même rassuré en estimant que, quoi qu'il advînt, il n'aurait pas de regret.

            Comme s'il préférait ne pas assister au désastre, Clément Lauzin tourna le dos à la baie vitrée. Il se déplaça jusqu'au fond de la salle où se tenait à l'écart, en observatrice anxieuse, une jeune femme brune, aux yeux noisette irrésistibles et aux courbes qui ne l'étaient pas moins pour un mâle de la finance à l'appétit de profits aussi féroce et que celui des plaisirs charnels.

            – Votre père finira pas me rendre aussi fou que lui, lâcha-t-il dans un soupir.

            – C'est pour cela que nous le suivons, n'est-ce pas ? répliqua-t-elle avec un sourire enjôleur.

            Le PDG approuva d'un léger hochement de tête, puis considéra la fille de son chef de projet en se composant une expression de complicité amicale, un peu paternaliste. Mais pour un esprit aussi fin que celui de Serena Kovalch, la concupiscence se lisait dans les prunelles marron de son interlocuteur, aussi clairement que la gourmandise dans celles d'un chien lorgnant un morceau de sucre. Les yeux du séducteur en costume d'alpaga s'ombrèrent de dépit, avant de se détourner du visage de la jeune chercheuse en physique nucléaire, pour se reporter sur l'expérience en cours. Du coup, il avait une raison supplémentaire de fulminer.

            – Attention, compte à rebours lancé ! annonça l'un des ingénieurs attablés de part et d'autre du « Grand Sachem » – l'amical surnom du professeur –, au monumental pupitre de commande de l'hyper-synchrotron.

            Durant le décompte, chacun, à un moment ou à un autre jeta un coup d'œil vers le professeur, sur les épaules duquel reposait la possible destruction, en un milliardième de seconde, de plusieurs millions d'euros. À trente secondes du micro-Big-Bang qui devait se produire dans la chambre de collisions, les compteurs commencèrent à s’affoler. Des avertissements rouges et des icônes clignotantes s’affichèrent sur les écrans de contrôle. Une procédure d’autorisation apparut sur celui du professeur.

            – Il est encore temps, lui susurra son voisin barbu de droite.

            – Le temps, répéta pensivement Julius Kovalch. Le temps n’est qu’une perception. Il n’existe pas au niveau de nos chères particules. Elles sont anitya, sans durée. Vous devriez réviser vos notions de bouddhisme, Grossian.

            Il esquissa un étrange sourire, puis son index droit pressa la touche Entrée de son clavier. Il était désormais impossible d’arrêter l’expérience, dont le niveau d’énergie programmée était déjà perceptible dans le sifflement émis par l'anneau d'accélération. Il régnait dans la salle de commande une tension extrême, qui contrastait singulièrement avec l’apparent détachement du chef de projet.

            – Vous entendez ? demanda ce dernier.

            – Non. Quoi ? l’interrogea Grossian.

            – La musique des sphères. Je sens que nous allons vivre un grand moment.

            – Attention ! s'exclama un technicien. Collision dans… cinq secondes ! Quatre, trois, deux…

             Le professeur poussa un cri tout en se jetant en arrière. On eût dit qu’il avait reçu une balle dans la tête. Il se courba, les mains crispées sur les tempes.

            – Ça ne va pas, professeur ? s’enquit son collègue ingénieur.

            Serena accourut.

            – Papa, qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en se penchant sur lui.

            Elle l’aida à se redresser doucement. Il rouvrit les yeux, cligna plusieurs fois des paupières, puis inspira profondément.

            – Ça ira… j’ai… C’était comme… comme un claquement de ténèbres.

            – Un quoi ?  

            – Non, rien. C'est passé. Où en est le compte à rebours ?

            – La collision s'est produite, sans conséquence apparente sur le matériel, répondit un technicien, en s'épongeant le front de son mouchoir, soulagé comme s'il venait d'assister à la fin heureuse d'un accouchement délicat.

            Clément Lauzin qui sur le coup avait, comme les autres, été saisi par la réaction pour le moins inattendue du physicien, fit mine de se désintéresser de l'état de santé de celui-ci. Mains dans les poches, il s’approcha pour observer au-delà de la baie vitrée la sphère de collisions. Il porta ensuite son attention, de part et d'autre, sur la section visible du tube d'accélération taurique qui traversait l’immense hall de l'hyper-accélérateur.

            – Au moins, constata-t-il, ça n’a pas explosé. Que dit le compte rendu de collision ?

            Un technicien, préposé à la partie strictement informatique de l’expérience, sortit de sa stupeur pour pianoter sur un clavier.

            – Je vous dis ça tout de suite, monsieur.

            Des signes cabalistiques apparurent sur le grand écran plat devant lui. Leur signification ne devait pas être de bon augure, car il grimaça.

            – Je crois qu’on a un problème.

            Tous les regards convergèrent vers lui, sauf celui du jeune patron qui lâcha entre ses dents :

            – Évidemment.

 2

L'objet singulier

 

            Julius Kovalch arracha des mains de l'informaticien le rapport imprimé. Il le parcourut rapidement, puis adressa un regard d'incompréhension au PDG.

            – Laissez-moi deviner, professeur, dit ce dernier, les circuits sont grillés et vous allez m'annoncer six mois pour la remise en fonction.

            Il tendit un index menaçant et à son cynisme naturel succéda une fureur non feinte :

            – J'aurais dû vous assommer, au lieu de vous laisser faire ! Mon conseil d'administration va me lyncher, mais avant je vous aurai viré, Kovalch, sans indemnité !

            Nullement impressionné, le chef de projet annonça :

            – La chambre de collisions n'est plus en ultravide. Ce n'est que cela.

            – Que cela ! éructa Lauzin. Mais ça veut dire qu'elle est fissurée ! Et si elle est fissurée, il va falloir réparer, tester et retester ! Ça va prendre un temps fou. Mais moi, j'ai une liste de trente clients qui attendent leur tour pour leurs propres programmes de recherches. Et eux, ils paient !

            – Je sais, Clément, mais il n'est pas certain que ce soit la sphère qui ait un problème.

            – Qu'est-ce qui vous le fait croire… Julius ?

            Les ingénieurs autour d'eux baissèrent le nez. Lorsque ces deux caractères s'interpellaient par leur prénom, c'était toujours dans les situations les plus explosives.

            – Parce qu'aucun capteur n'a enregistré de vibrations anormales ni la moindre perte d'étanchéité.

            – Les capteurs ! cracha le PDG avec une moue de mépris. Cette fois, professeur, vous avez passé les bornes. Écoutez-moi bien, nous sommes vendredi, si lundi l'hyper-synchrotron n'est pas opérationnel, vous n'y aurez plus jamais accès. Vous m'entendez ? Plus jamais ! Et je suis sérieux.

            Il se détourna, puis quitta la salle, les poings serrés.

            Blême, Kovalch resta un court moment sans réaction, puis il demanda à son équipe de le laisser seul. Plusieurs tentèrent de lui proposer de rester ; ils furent éconduits avec calme. Celui qui crut bon d'insister se fit atomiser :

            – Je n'ai pas été assez clair ? DEHORS ! hurla le professeur en empoignant son collègue par le col de la blouse.

            Puis il reprit, s'efforçant de retrouver un flegme zen :

            – Je suis seul responsable, seul je dois rester pour comprendre ce qu'il s'est passé. Bon week-end à tous. Et merci. Et pardon.

            Il se rassit, puis tourna le dos à son équipe qui se résigna à vider les lieux, la mine en berne. Quelques instants plus tard, une main légère comme un papillon se posa sur l'épaule du physicien qui, coudes sur la console, s'était pris la tête entre les mains. L'homme tressaillit à peine.

            – Cinquante deux ans, c'est un peu jeune pour partir en retraite, déclara-t-il. Tu crois qu'on me prendrait au Mac Do ?

            – Ça m'étonnerait, mais je te verrais bien gardien de musée. Tu pourrais méditer à loisir sur les mystères du monde, tout en écoutant la musique des sphères.

            Il se redressa et adressa un sourire las à sa fille.

            – Vas-y, ma chérie, je t'écoute. Quelle est ton hypothèse ?

            – Tu sais que je ne manque pas d'imagination, mais là j'avoue être dépassée. Si la dépressurisation de la chambre de collisions n'est pas liée à une fissure dans la coque, c'est que le problème est ailleurs, c'est-à-dire nulle part. Nous dirons que nous nous trouvons là devant un nouveau genre de paradoxe quantique.

            – Voilà une brillante déduction comme je les aime. Cela ne nous dit pas ce que nous devons faire.

            Serena resta quelques secondes perplexe, puis elle proposa :

            – Ouvrons la sphère et allons jeter un œil à l'intérieur. Sait-on jamais, nous découvrirons peut-être un petit trou dans la coque, comme dans une chambre à air.

            – Eh bien, c'est parti !

            En quelques clics de souris, le physicien enclencha la procédure informatique d'ouverture de la chambre de collisions. Tandis que se déroulait l'opération, car elle demandait plusieurs minutes, le père et la fille se rendirent dans le gigantesque hall à voûte d'aluminium. Les techniciens en combinaison bleue furent priés, à l'instar de leurs collègues ingénieurs, de prendre leur week-end.

            – Serena et moi avons découvert le Graal de la physique quantique, justifia le professeur sur le ton de la plaisanterie, mais nous voulons garder cela pour nous. Merci, messieurs, à lundi !

            Une fois seul avec sa fille, il attendit, silencieux, debout bras croisés, la fin de la dernière phase d'ouverture de la chambre de collisions. La sphère d'aluminium ayant été libérée de ses branchements électriques, tuyauteries, systèmes de refroidissement à azote liquide et autres pompes à ultravide, des vérins hydrauliques la déplacèrent sur des rails de guidage jusqu'à la dessertir totalement de l'anneau d'accélération. Une fois isolée, elle commença à s'ouvrir, telle une orange tranchée par le milieu, en émettant un léger bruit d'engrenage. Elle révéla alors la présence d'une chose si déconcertante que les deux scientifiques restèrent de longues secondes sans voix, incapables de former la moindre la pensée.

            – Serena, est-ce que tu vois ce que je crois voir ? finit par demander le physicien.

            – Je le vois… Qu'est-ce que c'est, à ton avis ?

            Le professeur prit le temps de réfléchir avant d'avancer une réponse, mais il ne sut qu'attribuer un nom à la chose :

            – Un objet singulier.

            – C'est le moins qu'on puisse dire.

            La jeune femme, qui dans la société Quantum assurait la fonction ”d'ingénieur mesures, chargée d'essais “, s'approcha et fut tentée de la toucher, mais la prudence retint son geste. Elle eut alors l'idée de vérifier sur son badge de contrôle, agrafé à la poche de poitrine de sa blouse, le niveau de radioactivité. La pastille n'avait pas changé de couleur. Elle jeta un regard vers son père qui n'avait pas bougé, cherchant dans les circonvolutions de son puissant cerveau une explication à un phénomène qui ne pouvait pas exister et qu'ils avaient pourtant sous les yeux.

            – Recule, Serena, ordonna le scientifique. Il est possible qu'il y ait du danger.

            Ignorant l'avertissement, la jeune femme se déplaça de manière à examiner l'objet singulier sur la tranche. Mais de tranche, il n'y avait pas ! C'était plat, ou plutôt cela n'avait aucune épaisseur. C'était un disque de ténèbres, un disque parfait, sans reflet, d'un peu moins de deux mètres de diamètre, suspendu à un mètre du sol. Son centre était ancré sur celui de la sphère, c'est-à-dire au point de collision des particules élémentaires.

            Serena se déplaça de trois pas supplémentaires.

            – Papa, viens voir.

            Il la rejoignit et constata comme elle que le disque obscur n'avait pas d'envers. Aussi invraisemblable que cela pût être, il disparaissait dès que le regard dépassait sa ligne de profil. Alors, enfin, une hypothèse se forma dans l'esprit du physicien.

            – Je crois que je commence à comprendre, dit-il.

            – Tu penses que ce pourrait être un trou ?

            – C'est un trou.

            – Un trou dans quoi ? Et donnant sur quoi ?

            – Tentons une explication : nous savons que lorsque nous voyageons vers l'infiniment petit, nous finissons par atteindre cette limite au-delà de laquelle cessent d'exister les lois de la physique classique, ces lois rassurantes qui nous disent qu'un chat est un chat. Dès lors, nous entrons dans le monde de la physique quantique, où règnent des réalités qui défient le sens commun. Si l'on poursuit le voyage, en dépassant le niveau des quarks et des leptons, le vide n'est plus un espace tridimensionnel dans lequel s'écoule le temps. Il est… autre chose. Imaginons que dans ce monde extrême se niche le point de rencontre entre la matière et l'esprit. Il se pourrait, parce que j'ai voulu dépasser les limites du raisonnable, que j'aie touché ce point ultime. Peut-être même l'ai-je percé.

            Il dévisagea sa fille avec la consternation d'un maladroit qui aurait commis, par mégarde, un sacrilège suprême. Alors il annonça avec gravité :

            – Serena, je crois que ce disque est un trou dans le réel.

            La physicienne parut d'abord déconcertée, voire sceptique.

            – Es-tu en train de me dire qu'au-delà de ce point ultime, on entrerait dans l'esprit ? demanda-t-elle.

            – Rien moins.

            – Admettons. Lequel ?

            Elle marqua une hésitation, puis lâcha :

            – Dieu ?

            – Je n'irai pas aussi loin, mais pourquoi pas ?

            – Est-ce que l'apparition de cet objet singulier aurait un lien avec le choc que tu as ressenti à l'instant de la collision ?

            – Je le crois.

            Le savant regarda autour de lui, comme pris d'une soudaine impatience.

            – Il faudrait pouvoir l'étudier, mais…

            – Mais ?

            – Pas ici. À l'instant même où Lauzin apprendra l'existence de cet objet singulier, il se jettera dessus comme un chien affamé sur un os, voyant déjà scintiller les lingots d'or qu'il pourra en tirer. Il faut l'emporter.

            – Emporter un trou ? Tu es sérieux ?

            – C'est forcément possible, puisque nous l'avons déjà déplacé de plusieurs mètres. Comment transporte-t-on un trou dans une feuille de papier ? En emmenant la feuille.

            – Sans doute, mais là ce n'est pas d'une feuille qu'il s'agit, c'est d'une boule de métal qui pèse dix tonnes !

            – Serena, j'ai moi-même supervisé la livraison et la mise en place de cette chambre de collisions. Je vais contacter le transporteur que j'avais alors engagé, et...

            – Papa, nous sommes vendredi et il est dix-neuf heures !

            – Ma fille, quand on a besoin des services d'une entreprise, il n'y a pas d'heure, à une condition tout de même, qu'on sorte le chéquier. J'ai bien assez de ressources pour obtenir ce déménagement d'urgence et qu'en prime le patron me lèche la main de gratitude. Je vais l'appeler tout de suite.

            – Une minute, papa. Réfléchissons aux conséquences. Lauzin n'aura aucun scrupule à t'accuser de vol et à porter plainte.

            – Qui parle de voler la chambre de collisions ? Je la fais livrer cette nuit à la Faisanderie, nous récupérons l'objet singulier et nous la ramenons aussitôt après, c'est-à-dire avant lundi six heures.

            – Le patron l'apprendra forcément et te demandera des explications.

            Julius Kovalch esquissa un sourire en coin.

            – Tu sais ce que je lui répondrai ? Que je voulais en faire un lampadaire dans mon jardin, mais comme c'était trop moche, je l'ai ramenée. Il tentera sûrement de m'étrangler, ou de me faire interner en hôpital psychiatrique… (Il s'interrompit, regarda sa fille avec une tendre complicité, puis conclut :) Franchement, j'ignore encore ce que je lui raconterai, mais j'ai quand même hâte de voir sa figure.

            Serena hocha la tête, résignée.

            – Nous aurons besoin de techniciens pour cette opération, dit-elle. À nous deux, il sera impossible de la mener à bien.

            – Occupe-toi de cela. Je crois savoir qu'ils sont quelques-uns qui se damneraient pour avoir le bonheur de te rendre service.

            La jeune femme garda le silence, mais son regard lumineux répondit qu'en effet elle n'aurait aucune difficulté à mobiliser une armée de bonnes volontés masculines.

            – Parfait, soupira son père en se détendant. Voyons, il est dix-neuf heures douze. Nous avons donc jusqu'à lundi six heures pour boucler l'opération. Cela nous laisse… (Il ferma les yeux pour se concentrer et donner le résultat en moins de cinq secondes :) 2 868 minutes. Le compte à rebours est lancé !

 

 3

 Un trou dans la bibliothèque

             Julius Kovalch possédait une propriété de campagne, à une dizaine de kilomètres de l'hyper-synchrotron, quelque part au nord d'Orléans. C'était un vaste domaine arboré, cerné d'un mur d'enceinte, disposant d'un étang et d'un petit bois. La gentilhommière qu'il abritait était une véritable bonbonnière fleurie, comprenant un bâtiment d'habitation, à un étage, attenant à une grange que le professeur avait aménagée en bureau-bibliothèque. Sans être gigantesque, cet espace de travail offrait de belles dimensions et disposait d'une double porte assez large pour y introduire une orange d'acier de deux mètres cinquante de diamètre.

            L'opération prit toute la nuit, dévasta un grand nombre de plates-bandes, écorna la poutre du linteau au-dessus de la porte… Mais enfin, le résultat était là : la chambre de collisions finit par occuper le cœur de la salle, suspendue au bout du bras-grue de l'engin que la société de transport avait mis à la disposition du professeur, un tracteur de manutention capable de soulever 45 tonnes « à bout de bras ».

            Les deux transporteurs à la manœuvre furent félicités, gratifiés d'un généreux pourboire, puis invités à revenir le lendemain vers midi reprendre possession de leur engin, pour le retour du bébé au nid. À l'étrangeté de cette consigne, s'ajoutait celle de laisser le bras-grue à demi enfoncé dans la bibliothèque, la boule de métal suspendue par son anneau d'accroche, quelques centimètres au-dessus du plancher. N'étant heureusement pas payés pour comprendre les lubies de leur clientèle, les deux hommes prirent congé dans la voiture que leur prêta Serena.

            De nouveau seuls, le professeur et sa fille purent goûter à la joie de l'œuvre accomplie. Très vite cependant, ils revinrent à la préoccupation suivante : ouvrir la bête et lui sortir son trou de ver du ventre. Disant cela, le physicien faisait référence à la théorie des trous de ver, autrement appelés fluctuations quantiques dans l’espace-temps – Les chercheurs supputent qu'ils permettraient de voyager d'un point à l'autre de l'univers à la vitesse pensée. Sa fille le félicita pour cette allusion qui pouvait en effet être une hypothèse sur la nature de l'objet singulier, puis elle demanda :

            – Et maintenant, comment va-t-on procéder ?

            Les deux coques de la sphère étaient maintenues fermées par une simple poignée de verrouillage. L'étanchéité était assurée par un système de serrage hydraulique autrement plus sophistiqué, mais seulement opérationnel dans l'hyper-synchrotron.

            – Nous ouvrons en grand la chambre de collisions, je fais avancer l'engin de levage et si tout va bien, j'aurai un beau trou au milieu de ma bibliothèque. Plus tard, je ferai fabriquer un coffrage de Plexiglas.

            La manœuvre ne prit que quelques minutes et se déroula sans incident, avec tout de même un cœur battant la chamade, autant pour le père que pour la fille.

***

            Parfaitement circulaire et obscur, l'objet singulier était désormais suspendu verticalement à une vingtaine de centimètres au-dessus du plancher. Il offrait son profil infime à la haute double porte que le professeur avait cadenassée, sa face arrière qui n'existait pas à la cheminée, et son mystère de ténèbres à la contemplation lorsque le physicien serait installé à son bureau près du mur.

            Il était six heures trente du matin.

            Épuisée par tant d'émotions, Serena émit le souhait de prendre un peu de repos dans sa chambre à l'étage, faisant jurer à son père de l'attendre pour commencer les expériences.

            – Voyons, Serena, répondit-il, tu sais bien que la première qualité d'un scientifique est la patience.

            À la vérité, il trépignait intérieurement, mais il sut se maîtriser, grâce à ses nombreuses années de pratique zen. En attendant le retour de sa fille, il tira devant le disque de nuit son « fauteuil de méditation », un antique siège au cuir élimé et aux ressorts fatigués, mais auquel il était attaché plus qu'à n'importe quel trône d'or. Durant une heure, il observa sans vraiment chercher à la résoudre, la plus fabuleuse énigme de l'histoire de l'humanité. Il commença à prendre des notes, prémisses d'un journal qui servirait un jour à la rédaction de ses mémoires. Mais lui aussi fut vite vaincu par la fatigue et s'endormit en rêvant à un autre monde...

 

            Quand enfin Serena reparut dans le bureau-bibliothèque, chevelure brune flottant dans son dos, en jeans et chemisier léger malgré la fraîcheur de cette mi-mars, le jour était levé et le soleil prometteur. Elle apportait le café et une assiette de petits gâteaux.

            – Alors, mon père, par quelles expériences allons-nous commencer l'étude de l'objet singulier ? s'enquit-elle en posant le petit déjeuner sur le bureau enseveli sous les dossiers et les documents de toute nature, pourtant parfaitement ordonnés, à l'image du cerveau du physicien.

            Celui-ci se redressa dans son fauteuil, bâilla, s'étira, s'ébroua, puis se leva pour s'approcher du disque de ténèbres.

            – Attention, papa, tu ne devrais pas t'approcher si près, s'inquiéta Serena.

            – Pour ce que je vais faire, c'est indispensable.

            Il s'empara, dans la poche intérieure de son veston, d'un critérium de plastique.

            – As-tu bien dormi, ma puce ?

            – Tu sais bien que je déteste que tu m'appelles ainsi. La réponse est oui.

            Il pointa le crayon vers le disque puis, lentement, l'y enfonça jusqu'à mi-longueur. Il le retira vivement… Ne lui restait entre les doigts que la partie qui n'avait pas franchi la limite ténébreuse.

            – Le néant est gourmand, dit-il en lorgnant d'un air désolé le moignon de critérium.

            – Cela nous apprend au moins une chose, nous n'avons pas intérêt à tomber dedans. Essayons avec un autre objet. Voyons… Tiens ! Cette chose immonde que je n'ai jamais réussi à te faire jeter à la poubelle.

            – Quoi ? Mon chandail préféré !

            Serena ramassa sur le dossier d'une chaise paillée le vêtement de laine grise, difforme tant il avait été porté et lavé. Le soulevant entre le pouce et l'index, elle déclara : 

            – J'appelle ça un oripeau. Je peux ?

            – Sûrement pas ! J'étais à peine sorti des études, comme toi, quand je l'ai acheté. Aujourd'hui, c'est une pièce de collection, qui deviendra peut-être une pièce de musée quand j'aurai reçu le prix Nobel.

            – Oh, alors raison de plus ! Sacrifions-le vite, avant qu'il ne devienne un objet de culte. Nous dirons que c'est au nom de la science.

            Vaincu par l'argument, le physicien donna son accord d'un air désolé. L'instant suivant, la pièce de collection roulée en boule était happée par le trou quantique. Quelques secondes passèrent, durant lesquelles s'amenuisa le mince espoir de le voir revenir. Rien de tel ne se produisit. La jeune femme regarda autour d'elle, comme si elle cherchait une autre vieillerie à jeter en pâture au néant.

            – Je te préviens, Serena, si tu comptes faire le ménage dans mon bureau de cette façon, je ne resterai pas le maître zen qui veille sur mes émois.

            – Voilà une idée que ton patron trouverait tout à fait à son goût, par exemple pour se débarrasser des déchets nucléaires ou chimiques de ses sociétés.

            – Le pire, c'est qu'il en serait capable, grommela le chercheur.

            Il se détourna en annonçant qu'il allait réaliser divers tests avec les appareils de mesure dont il disposait sur place.

            – Je suis à peu près sûr que je n'obtiendrai rien, dit-il. Par contre, je sais que je parviendrai un jour à donner un sens à cette bizarrerie quantique.

            Serena fut alors saisie d'une inquiétude :

            – Que se passera-t-il si cela remet en question tout ce sur quoi reposent nos croyances et nos certitudes ?

            Le scientifique resta pensif un moment, puis lâcha :

            – Là est la question.

            Et il ne put s'empêcher de craindre le pire…

 4

Une hypothèse, enfin !

           

            Comme il le craignait, Julius Kovalch n'obtint pas la moindre donnée susceptible d'offrir le plus minime espoir d'émettre une hypothèse sur l'objet singulier. La journée fut, il est vrai, largement entamée par le retour et la réinstallation de la chambre de collisions dans l'accélérateur de particules. Et il y eut aussi la sieste de l'après-midi, qui dura plus que d'habitude.

            La seule initiative que prit le physicien fut d'installer une caméra vidéo sur trépied, équipée d'un capteur de mouvements et d'un bip avertisseur en cas de déclenchement automatique. La première alerte fut causée par une grosse mouche qu'il fallut poursuivre jusqu'à ce que mort s'ensuive. La deuxième fut déclenchée par le retour de Serena au domaine de la Faisanderie, en fin d'après-midi – Elle était allé récupérer dans la villa qu'elle partageait avec son père, à Orléans, assez de vêtements et nécessaires de toilette pour tenir un séjour de plusieurs mois. Et elle n'était pas seule ! Elle avait amené Einstein, « le corniaud le plus intelligent du monde », selon son scientifique de maître. Ce dernier aurait pu ajouter qu'il était aussi le chien le plus joyeux, en considération du rythme que pouvait atteindre son moignon de queue dans les épisodes d'hyper bonheur.

            Sitôt bondi hors de la voiture, l'hirsute boule de poils gris se rua dans la cuisine du cottage, où elle retrouva le chef en train de préparer une omelette au lard. Et quand elle eut fini de sauter, tournoyer et éternuer de joie, elle explora truffe au sol toutes les pièces du rez-de-chaussée… dont la bibliothèque. « Si ce chien avait vécu à l'époque de Moïse, avait un jour déclaré le professeur, à coup sûr il serait devenu dans la Bible la onzième plaie d'Égypte. » Il ne le chérissait pas moins comme on peut le faire de l'être le plus fidèle et le plus drôle que la Création puisse porter.

            La troisième alerte survint pendant le dîner, mais bizarrement seul le professeur l'entendit.

            – Grrr ! Je déteste être dérangé au milieu de mon omelette, gronda-t-il.

            – Qu'est-ce qui se passe ?

            – Encore cette maudite caméra.

            Serena eut l'air surpris.

            – Je n'ai rien entendu. Je vais voir, si tu veux, proposa-t-elle en posant sa serviette à côté de son assiette.

            – Non, ne bouge pas, ma puce. Je suis debout, j'y vais… Einstein, toi tu restes là ! Compris ?

            Le corniaud le plus intelligent du monde n'avait nullement besoin de cette injonction. Car pour lui, à l'heure du repas, rien n'était plus captivant que le va-et-vient d'une fourchette de la gamelle aux crocs d'un humain. Sa maîtresse le gratifia d'un morceau de lard fumé, puis d'un autre, puis…

            – Serena ! hurla le physicien. Serena ! Viiiite !

             La jeune femme sentit son cœur se serrer comme une éponge. Elle se précipita dans la bibliothèque où elle retrouva son père, debout derrière le fauteuil de cuir, en appui sur le dossier, sain et sauf mais abasourdi.

            – Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu m'as fichu une de ces trouilles !

            Il la dévisagea.

            – Si j'avais bu plus de trois gorgées de mon vin de table, je t'aurais répondu que j'avais cru voir un papillon de lumière. Mais comme ce n'est pas le cas, j'ai effectivement vu un papillon de lumière. Bleu et rouge. Il voletait à travers la pièce, mais dès que je me suis approché, il s'est jeté dans le trou.

            – Es-tu sûr que c'était un papillon ?

            – En tout cas, cela y ressemblait. Il était gros comme mon pouce. Nous allons vérifier ça tout de suite.

            Le professeur s'approcha rapidement de sa caméra vidéo et lança la lecture, sur le petit écran de contrôle, de la dernière séquence enregistrée. La déconvenue le fit pâlir. Dans une luminosité jaunâtre, sur fond de disque de ténèbres, nul point lumineux voletant ni le moindre phénomène mouvant qui pût confirmer l'apparition.

            – Mince alors, grommela-t-il. Mais peut-être que  sur l'écran de mon portable, on y verra mieux.

            Il copia la courte séquence sur une clé USB, qu'il s'empressa d'aller visionner sur l'ordinateur portable posé sur son bureau. Utilisant un logiciel de capture d'image, il saisit plusieurs clichés au hasard, puis les agrandit au  maximum. Sans plus de résultat. Découragé et troublé, l'homme rabattit l'écran de son portable et se mit à réfléchir.

            – Il n'y a pas l'ombre d'un doute, j'ai bien vu un papillon lumineux, dit-il. Et pourtant…

            Préférant éviter tout commentaire, forcément désobligeant, Serena lui posa une main affectueuse sur l'épaule. Elle l'invita ensuite à retourner à la cuisine finir leur omelette.

            – Oui, vas-y, ma puce, je réfléchis encore deux secondes.

            La jeune femme sortit en prévenant :

            – Si tu n'es pas revenu dans trente secondes, il n'est pas certain que je puisse empêcher Einstein de manger ta part.

            Le professeur esquissa un sourire, puis se leva pour aller se planter devant le disque de ténèbres, pressentant qu'il n'avait pas fini de lui jouer des tours. Malgré l'absence de preuve, il restait convaincu de ne pas avoir été victime d'une hallucination. L'explication était ailleurs, et il se jura qu'il finirait par la trouver. En tout cas, pour lui désormais ce disque noir n'était plus une ouverture sur le néant, ni même sur le vide, c'était autre chose, une porte sur un ailleurs sans doute aussi riche et vivant que la Terre… Plutôt qu'une porte, il pensa qu'il devait s'agir d'une brèche, puisqu'elle était le résultat d'un accident. Ce qu'il commençait à entrevoir était si excitant que même un maître zen en aurait perdu sa placidité. Une bouffée d'euphorie le saisit et il eut envie de proposer à Serena de déboucher la meilleure bouteille de champagne de sa cave. À cet instant précis, il vit jaillir du trou une épée médiévale à lame anthracite, qui frôla à l'horizontale sa hanche gauche. Serrant la poignée à garde droite et dorée, une main bleue surgit à son tour du trou quantique, suivie d'un bras qui s'immobilisa juste avant qu'apparaisse le coude. Puis soudain, l'ensemble s'abattit sur le plancher, sectionné net comme par une guillotine invisible. Un sang rubis commença à s'épancher du membre amputé.

            Pétrifié de stupeur, le professeur ne pouvait détacher son regard de cette main humaine, gantée de cuir azur, aux doigts crispés comme si elle serrait encore la poignée d'or mat de l'épée. L'arme lui avait échappé dans la chute et gisait à quelques centimètres. De sa vie, le chercheur n'avait admiré une lame d'acier noir aussi magnifiquement ciselée d'arabesques décoratives, à moins que ce ne fussent des lettres.

            Ses fonctions cognitives se remirent en marche et une puissante émotion lui comprima l'estomac. Il ramassa le bras puis, comme s'il se fût agi du cadavre d'un animal, il le porta jusqu'à son bureau sur lequel il le déposa avec délicatesse. Un peu de sang s'écoula sur le sous-main. Il appliqua sa paume droite sur l'avant-bras et en perçut la tiédeur au travers d'un vêtement en épaisse toile beige. Cela lui procura une sensation désagréable, presque écœurante.

            – Papa, ton dîner est en train de refroidir ! l'appela Serena depuis la cuisine.

            Encore sous le choc, le professeur ne réagit pas. Toutes les ressources de son intelligence étaient mobilisées pour comprendre et assimiler ce qu'il était en train de vivre. C'est en fait grâce à une autre de ses capacités, celle de son imagination, qu'il parvint à formuler une hypothèse : un guerrier médiéval, effrayé par l'apparition dans son monde de la brèche quantique, avait par réflexe tiré sa lame puis l'avait l'enfoncée dans le disque de ténèbres. En voulant retirer son bras, les liaisons moléculaires s'étaient rompues entre la partie qui avait franchi la frontière du réel et le reste du corps, comme l'eût fait une guillotine. Conclusion, pensa le chercheur, si l'on veut franchir ce mur sans perdre un morceau de soi-même, aucune hésitation ni mouvement de recul n'est autorisé.

            – Papa ? Que se passe-t-il ? demanda Serena d'une voix inquiète.

            Elle était revenue dans la bibliothèque. Julius Kovalch la regarda, baissa les yeux sur l'avant-bras du chevalier de l'Imaginaire.

            – Cette fois, nous avons notre preuve qu'il y a un autre monde derrière l'objet singulier. Vois le cadeau qu'il vient de nous faire.

             La jeune femme approcha.  Ses fins sourcils froncés de perplexité, elle fixa le sous-main.

            – Oui, et alors ?

            – Alors ? C'est tout ce que tu trouves à dire ?

            – Tant que je ne sais pas ce que tu veux me montrer, oui.

            – Ce bras sectionné, là. Ne me dis pas que tu ne le vois pas ?

            Serena hocha négativement la tête, puis posa la main sur le sous-main. Son père écarquilla les yeux ; la main de sa fille traversa le bras, telle une image holographique.

            – Tu es sûr que tout va bien, papa ?

            – Si je ne suis pas en train de faire une crise de delirium tremens, c'est que ce maudit trou quantique me joue des tours. Mais je finirai par comprendre pourquoi. Allons finir notre omelette.

            Serena retrouva le sourire.

            – Pour ma part, c'est terminé, mais j'ai bien peur qu'Einstein ait fini la tienne.

            Elle attrapa son père par un bras puis, l'entraînant vers la cuisine, le rassura en riant :

            – Je plaisante. Il t'en a laissé une miette.

 5

Obscure menace

 

            Assise sur ses talons, en équilibre parfait sur l'une des hautes branches d'un arbre gigantesque, Inna assistait depuis un long moment à un spectacle extrêmement intriguant. Jusqu'à ce que tout à coup, celui-ci tourne à l'horreur… Le chevalier d'Arganthe avait dégainé son épée et l'avait enfoncée avec vigueur dans l'étrange chose apparue durant la nuit sur la prairie, à quelques toises de la forêt des Sylvestres. Sans se refermer, comme l'eût fait une gueule de dragon, la chose avait sectionné le bras de l'imprudent au niveau du coude et l'avait englouti. Le soldat gisait à présent sur l'herbe, se tordant de douleur, tandis que l'autre chevalier qui patrouillait avec lui s'empressait de garrotter le moignon sanglant.

            De la taille d'un homme, la bouche vorace avait l'apparence d'un disque de nuit, sans étoile ni reflet, suspendu une demi-coudée au-dessus du sol. Cela n'était pas du tout sensible au vent et avait craché peu avant l'accident une pièce de tissu grisâtre, qui ne pouvait qu'appartenir à une créature primitive et sale. Hormis les deux chevaliers à la tunique bleu azur, dont les montures brunes caracolaient librement sur la prairie, cinq humains s'étaient rassemblés devant la chose : le paysan qui l'avait découverte – sa carriole et son bœuf de trait attendaient à proximité –les écuyers des chevaliers, un étranger allant à pied, enveloppé dans une cape brune de voyage, enfin une adolescente blonde qui accompagnait le paysan. Probablement était-elle sa fille, car elle avait le même visage rond et les mêmes petits yeux sombres aux paupières lourdes.

            Dévorée par un surcroît de curiosité, Inna se mit debout. Mais elle hésitait encore à s'approcher. Elle était une elfe de la communauté des Sylvestres, et en principe farouche comme une biche. En principe. Elle savait qu'elle n'avait rien à craindre de ces gens. Cependant, une telle rencontre n'était pas du tout courante, les elfes Sylvestres se contentant le plus souvent d'observer les humains de loin, grâce à leur formidable acuité visuelle. Mais cet événement n'avait rien de courant. Sans doute même revêtait-il un caractère menaçant, auquel cas il concernait autant les elfes que les hommes. Ayant réussi à se décider, l'elfide dévala à la vitesse d'un écureuil son arbre d'observation aux dimensions phénoménales. Elle s'engagea ensuite avec prudence sur la prairie, un peu à la manière d'un félin en chasse.

            Elle leva les yeux vers le ciel chargé de lourds nuages gris et sourit. Son alter ego, en vol au-dessus d'elle, perdait rapidement de l'altitude. En pensée, elle lui demanda de se tenir à proximité pour surveiller les environs. Il lui répondit par un rugissement, qui fit lever le nez des humains. L'un d'eux, le voyageur en cape brune, jeta un regard par-dessus son épaule en direction de la jeune elfe. Il fallait disposer d'un œil exercé pour repérer celle-ci, car le vert foncé de sa tenue se confondait parfaitement avec l'herbage et le front de fougères géantes qui frangeaient la forêt millénaire. Et sans doute identifia-t-il instantanément une elfe, bien qu'à cette distance il ne pût distinguer le délicat ourlé pointu de ses oreilles ni surtout le vert sapin de ses prunelles, propre aux Sylvestres. La chevelure noire d'Inna, retenue sur sa nuque par une barrette de bronze, et son teint légèrement hâlé étaient aussi caractéristiques de cette communauté, de même que son choix de ne pas porter d'arme.

            L'elfide vit le voyageur esquisser un salut de la tête, puis reprendre l'observation de la chose, omettant d'annoncer aux autres l'arrivée d'une visiteuse rare.

            Quand elle atteignit les humains, aucun ne se retourna, comme s'ils n'avaient pas entendu son approche, il est vrai extrêmement discrète. Elle pensa alors qu'hormis le voyageur, ils devaient avoir de la mousse dans les oreilles, car n'importe quelle autre créature de la forêt l'aurait au moins sentie venir, dès l'instant où ses souples bottines en cuir d'écorce avaient touché le sol. L'homme à la cape pivota enfin pour la saluer à l'elfique, d'une légère inclinaison du buste, sans un mot, le regard humblement baissé. Il avait un visage rude de guerrier, mais ses yeux bleu nuit pétillaient d'espièglerie. C'était un Guide, un membre d'une prestigieuse ghilde de gardes du corps, assassins à l'occasion, qui se mettaient au service de riches marchands ou de puissants personnages politiques, le plus souvent pour de lointains déplacements à travers la seigneurie. Celui-là paraissait jeune, ce qui amena l'elfide à se demander s'il ne s'agissait pas plutôt d'un novice dans sa confrérie.

            Soudain, la fille du paysan s'exclama en pointant  l'index vers Inna :

            – Oh, papa, une elfe !

            – Hein ? (Le bonhomme se retourna) Oh, c'est pourtant vrai ! Bonjour, damoiselfide !

            Il ôta précipitamment sa calotte de vieux cuir craquelé, comme s'il s'était tout à coup trouvé devant un grand seigneur. Inna le salua, puis demanda :

            – Savez-vous ce qu'est cette chose ?

            – Une malédiction envoyée par le maître des Mondes Morts, sans doute aucun, répondit le paysan.

            – En quoi cela serait-il une malédiction ?

            – Demandez donc à ce chevalier ce qu'il en pense.

            L'elfide jeta un regard vers sa gauche. Le blessé avait cessé de s'agiter, mais gémissait pitoyablement, serrant contre lui ce qu'il lui restait de bras. Son compagnon se releva et rejoignit le groupe. À son tour il salua la jeune Sylvestre, puis appela son écuyer :

            – Gautain !

            – Oui, seigneur ?

            – Cours à Osmatha. Demande à rencontrer la conseillère Korissande, en personne ! Mais surtout pas un des administratifs du palais. Explique-lui ce qu'il se passe ici et insiste sur l'urgence qu'il y a à prendre des mesures de protection. Va et ne t'arrête pas un seul instant.

            – Pardonnez-moi, chevalier, intervint Inna.

            – Oui, damoiselfide ?

            – Si la menace est à ce point sérieuse, je peux demander à mon orinx de devancer votre messager.

            Le chevalier suivit le regard de l'elfe vers la forêt et observa au-dessus des frondaisons l'animal fauve qui approchait, les ailes à demi repliées, fondant sur le groupe comme sur une proie. Le paysan et sa fille en furent si impressionnés qu'ils se rapprochèrent l'un de l'autre, ouvrant de grands yeux ronds.

            – Croyez-vous qu'il saura entrer en contact avec la conseillère elfique, et se faire comprendre d'elle ? s'inquiéta le chevalier.

            Inna esquissa un sourire, sans que l'homme sache s'il devait le comprendre comme une réponse à ses doutes ou de la satisfaction à l'atterrissage du majestueux félin ailé à cent pas de là, sur un dôme de pierre affleurant la prairie,.          

            – Je le crois, répondit-elle simplement.

            L'orinx replia ses ailes contre ses flancs. Celles-ci n’étaient pas recouvertes de plumes, mais d’un pelage fin, extrêmement soyeux. Son corps élancé, aux pattes courtes et robustes, était bistre, piqueté de taches brunes. L'animal s'ébroua, provoquant le hérissement d'une élégante crête de fourrure, qui formait un S du crâne à la nuque.

            Il fixa le groupe, plus précisément le chevalier, puis émit un grondement d'impatience.

            – Mon ami n'attend que votre ordre pour porter votre message, seigneur chevalier, déclara Inna.

            – Eh bien, qu'il vole et soit notre messager !

 

 6

Le choix du secret

 

            Depuis l'incident qui avait coûté un bras à un mystérieux guerrier de la quatrième dimension, Julius Kovalch avait installé une protection devant l'objet singulier, certes dérisoire, mais psychologiquement rassurante : un paravent chinois de bois peint. La vérité, c'était que le physicien craignait que son corniaud le plus intelligent du monde, mais aussi par moment le plus excité, se jette par accident dans ce tunnel de tous les mystères. Il avait également restitué à l'autre monde le membre amputé, mais gardé l'épée qu'il avait posée à la verticale, en appui contre les rayonnages de sa bibliothèque, lesquels couvraient le mur jusqu'aux poutres de la charpente.

            Il put ensuite se remettre à réfléchir, dans son fauteuil de méditation… à rêver plus exactement, si bien qu'il finit par s'endormir. Serena était pour sa part déjà couchée depuis une heure, Einstein veillant sur elle, étalé de tout son long sur la carpette.

            La nuit commença dans le stress, en raison de papillons de nuit dans la bibliothèque, qui provoquaient des alertes si fréquentes que le professeur se résigna à couper l'alarme sonore de la caméra vidéo. Il put alors enfin se laisser aller à un vrai et profond sommeil… jusqu'à trois heures du matin.

            Cela commença par l'apparition d'un rayonnement rosé, derrière le paravent. Puis d'un second, bleuté et mouvant comme celui d'une torche électrique en déplacement. Chacun était assez puissant pour nimber le paravent sur toute sa hauteur. Le professeur ouvrit brusquement les yeux, cligna plusieurs fois des paupières, puis se figea en découvrant le phénomène lumineux. Lentement, il se redressa contre le dossier de son fauteuil, retenant sa respiration alors que son cœur s'emballait. Il supposa qu'il recevait à nouveau la visite d'un papillon de lumière, ou plutôt de deux, cette fois grand modèle et survitaminés… et volubiles ! Car il entendait des chuchotements flûtés, ponctués de petits rires aigus.

            Julius Kovalch en fut bouleversé d'émerveillement. C'est alors que trois taches de lumière ambrée apparurent au sommet du panneau central du paravent. Deux étaient minuscules qui encadraient une bulle ovale ne dépassant pas la taille d'une pièce de vingt centimes. L'apparition ne dura pas plus d'une seconde. Les rayonnements rosés et bleutés disparurent tout d'un coup, sans doute absorbés par l'objet singulier.

            Se retenant à grand peine de hurler de joie, le physicien bondit sur ses pieds, et se précipita pour aller jeter un regard derrière le paravent. Il ne fut pas surpris de n'y trouver aucune trace des minuscules créatures, pas plus d'ailleurs, un peu après, sur l'enregistrement vidéo. Celui-ci ne commençait qu'au moment où il s'était levé. Le capteur de mouvement n'avait donc réagi qu'à sa présence, laissant supposer qu'il avait été victime d'une nouvelle hallucination. L'euphorie fit place à la déception, puis à l'inquiétude : n'était-il pas en train de vivre un genre d'aventure comme on n'en voit que dans les films d'horreur ou les nuits de tourment, un cauchemar schizophrénique ? Peut-être, se disait-il, qu'en fait de « claquement de ténèbres », lors de la collision atomique dans l'hyper-synchrotron, était-ce un claquement de vaisseau dans le cerveau qu'il avait subi ?

            – Fichtre ! soupira-t-il. Je suis bon pour le scanner.

            Une boule d'angoisse à l'estomac, il décida de remiser le paravent dans un coin, puis d'aller finir sa nuit dans son lit où il lui fut impossible de retrouver son habituel sommeil zen.

***

            L'aube venue, le réveil du physicien fut pour le moins pénible. L'insomnie et les soucis qui l'avaient minés, après cette improbable visite lumineuse, lui avaient mis le moral en berne et sous les yeux des cernes. Sa fille le retrouva dans la cuisine, se déplaçant tel un vieillard ronchon perclus de rhumatismes, elle se prépara un bol de lait chaud, puis prit place en face de lui.

            – Pour ton prochain anniversaire, annonça-t-elle avec humour, je t'offrirai un confortable fauteuil de méditation. Tu sais, comme ceux qu'on voit dans Notre Temps, le magazine des seniors actifs ?

            – Fiche-moi la paix avec mon fauteuil ! Il n'y est pour rien, grommela le chercheur qui ne se sentait pas d'humeur badine.

            – Je vois. Alors qu'est-ce qui ne va pas ?

            Julius Kovalch émit un soupir las. Sa fille le dévisagea avec tendresse. Et ils se sourirent. Baissant le regard sur son café, le physicien repensa à l'objet singulier et à la caméra vidéo qui le surveillait en permanence, pour rien.

            – Cette nuit, j'ai reçu une nouvelle visite, lâcha-t-il d'une voix neutre.

            Serena ouvrit la bouche pour suggérer, « Un chevalier ? », mais elle se retint… puis finalement osa :

            – Un chevalier ?

            – Mieux que ça. Des fées !

            Elle mima l'incrédulité.

            – Vraiment ?

            – En tout cas, je les ai vues, comme je te vois là en train de penser que ton vieux père de cinquante deux ans commence déjà à perdre la boule. J'ai peut-être une tumeur au cerveau…

            – Je t'en prie ! Tu le fais exprès ? le coupa-t-elle.

            Les larmes lui montèrent aux yeux, et pour cause, sa mère était décédée trois ans plus tôt d'un cancer foudroyant. Pâle de confusion, le professeur s'excusa, puis replongea le regard dans son breuvage, dont la surface noire et fumante lui évoquait le disque de nuit exhalant des spectres de brume.

            – Parle-moi de ces apparitions, le sollicita Serena.

            – Je ne crois pas que ce soit utile.

            – S'il te plaît. Juste pour me faire partager ce que tu as vu. Parce que je suis convaincue que ce n'était pas une hallucination.

            Conciliant, son père lui décrivit la scène, s'attardant sur l'apparition des trois taches de lumière au sommet du paravent.

            – Je pense que les deux plus petites étaient des mains, agrippées au rebord du panneau, comme ça... Quant à l'ovale, il s'agissait d'un visage. Ça, j'en suis sûr. Son rayonnement estompait ses traits, mais ses pupilles se détachaient comme deux points d'ombre bleus.

            – Avait-elle une chevelure ? Des ailes ?

            – Impossible à dire. Elle a disparu le temps d'un battement d'ailes de papillon.

            Un long silence passa. Puis la conversation reprit. Ils auraient logiquement dû parler de cette aventure inouïe que le hasard quantique leur offrait comme un cadeau du ciel, exprimer leurs émotions, leurs envies, leurs rêves... Finalement, ce ne furent que des raisons de s'inquiéter qu'ils discutèrent, et ils en trouvèrent de nombreuses. Cela les amena à prendre une décision que le professeur résuma en une phrase :

            – Nul autre que nous deux ne devra savoir. Jamais !

            – Tu sais bien qu'il ne faut jamais dire jamais. Tant que cet objet singulier trônera dans ta bibliothèque, il y aura un risque que quelqu'un le découvre.

            – Nous le déplacerons dans un lieu sécurisé. Au besoin, je ferai creuser un bunker souterrain au milieu du domaine, à trente mètres de profondeur, et je reboucherai moi-même le trou.

            – Ce serait dommage d'en arriver là.

            – Ce n'est pas pour demain, mais un jour, nous y serons contraints.

            – Est-ce que tu comptes interrompre tes recherches à l'hyper-synchrotron, pour te consacrer à ta découverte, ici ?

            – Je ne sais pas encore. C'est un peu tôt pour le dire. Nous irons travailler lundi, c'est sûr, et mardi et mercredi. Mais après… ?

            – Je t'aiderai à étudier l'objet singulier.

            – Bien sûr, mais uniquement pendant tes heures de loisirs, et hormis celles où tu ne seras pas avec tes amis et ton amoureux…

            Serena éclata de rire :

            – Je n'en ai plus, tu le sais bien !

            – Ah bon ? Depuis quand ?

            – Depuis que je lui ai fichu la honte de sa vie, lors de cette soirée nullissime où il croyait impressionner tout le monde avec la Ferrari de son père. Je ne m'étais pas aperçu qu'il était beau et con à la fois, comme aurait dit Brel.

            – Le prochain, choisis-le mieux.

            – Si c'est vraiment l'amour de ma vie, je n'aurai pas besoin de choisir.

            Elle baissa les yeux et songea, un peu tristement, que l'amour est certainement beaucoup plus difficile à trouver et à vivre dans le réel que dans l'imaginaire. Elle se demanda alors à quoi pourrait ressembler le prince charmant de ses rêves, celui qui l'attendait peut-être de l'autre côté de la brèche quantique.

            – Tu ne crois pas qu'on devrait en parler à quelqu'un ? se demanda-t-elle.

            – Si tu penses à Lauzin, je préfère me jeter dans ce trou et disparaître à jamais.

            – Décidément, papa, ce matin tu te surpasses en matière de tact.

            – Que veux-tu, il suffit que je prononce le nom de ce type pour devenir comme lui, bête et méchant à la fois.

            – Seulement maladroit. Revenons à l'objet singulier. Se pourrait-il qu'il s'agisse d'un trou de ver[1], un tunnel dans l'espace-temps qui mènerait à une planète habitée, quelque part au fin fond de l'univers ? Ça fait rêver, non ?

            – C'est une possibilité. Mais je pencherais plutôt pour une autre.

            – Qui serait ?

            Le scientifique s'abîma à nouveau dans la contemplation du disque noir de son café qui ne fumait plus mais renvoyait son reflet, à peine déformé. Il laissa un court moment sa conscience affiner l'intuition qui avait émergé des profondeurs de son esprit, puis il finit par lâcher :

            – Une brèche entre le réel et l'Imaginaire.

 

7

Comment percer le secret de la chose ?

 

            Le chevalier Othon d'Ys chargea le paysan et sa fille de transporter dans leur charroi jusqu'à la ville la plus proche son compagnon amputé, afin qu'il fût correctement soigné. Alors commença une longue attente qui s'acheva sur une déception. Par l'esprit et les yeux de son orinx messager, Inna apprit qu'une expédition était partie d'Osmatha, la capitale seigneuriale, sur ordre de l'elfe Korissande. Mais elle n'était constituée que d'une escouade de chevaliers d'Arganthe, commandée par un simple capitaine. S'y était joint un assistant du conseil des Vénérables.

            Ne jugeant pas la réponse de la conseillère elfique à la hauteur de l'événement, le chevalier crut nécessaire de se rendre en personne dans la capitale seigneuriale. Il se mit donc en route, après avoir obtenu du Guide l'assurance qu'il garderait la bouche d'obscurité, en attendant que les autorités seigneuriales prennent le relais.

            À la jeune Sylvestre, il ne donna aucune consigne, car nul humain n'avait autorité sur un elfe, fût-ce un frère-seigneur. Par contre, il n'oublia pas de la remercier pour l'intervention de son orinx auprès de la conseillère elfique, regrettant tout de même que cela n'eût pas suffi à convaincre celle-ci du sérieux de la situation. Inna n'en dit mot, mais elle aussi avait été troublée par la faible réactivité de Korissande. Elle était pourtant un elfe des Brumes, c'est-à-dire l'un des esprits les plus perçants des seigneuries d'Erründ'hil. Puis elle supposa que cet éminent personnage finirait par prendre les dispositions appropriées.

            Le chevalier et son écuyer partis, elle ne rejoignit pas les siens dans la forêt des Sylvestres, mais choisit de tenir compagnie au Guide, au moins le temps de l'interroger. Car un tel voyageur, même novice, connaissait nombre des bizarreries et mystères des seigneuries. Il avait forcément son idée sur la nature du disque d'obscurité.

            Le jeune homme installa un sommaire bivouac à distance raisonnable du disque mystérieux. Puis il s'assit en tailleur, gardant un œil dessus, et ne bougea plus. Inna alla s'accroupir près de lui, tandis que son orinx, invisible dans les frondaisons de la forêt toute proche, se mettait en état de vigilance. Un long silence passa, jusqu'à ce qu'enfin l'elfide se lance :

            – Seigneur Benth, que vous inspire la présence de cette chose sur les terres d'Argan II ?

            Il tourna la tête et la fixa. Aucune expression ne se lisait sur son visage aux traits si parfaits qu'ils auraient pu être ceux d'un elfe. D'ailleurs, elle se demanda s'il n'y avait pas du sang d'elfe dans celui de cet homme. Pour le vérifier, il aurait fallu qu'elle voie ses oreilles, mais elles étaient cachées par sa longue chevelure brune.

            – Rien, lâcha-t-il pour toute réponse.

            Ce furent les seuls mots qu'ils échangèrent jusqu'à l'arrivée de l'escouade de chevaliers d'Arganthe, quelques heures plus tard.

            La mission que ces derniers avaient reçue était des plus succinctes : cerner la chose afin que nul n'en approchât. Le représentant du conseil des Vénérables, un homme d'apparence plutôt juvénile, en robe verte passementée de rouge, examina la bizarrerie jusqu'à ce qu'il ait la mauvaise idée, négligeant l'avertissement que lui lança le Guide, de vouloir la toucher. Il y perdit le bout de l'index. Inna estima alors qu'il était temps pour elle de rejoindre les siens, ne serait-ce que pour les informer des événements. Elle ne s'éloigna cependant pas longtemps ni très loin, car tandis qu'elle marchait vers les arbres géants, son compagnon ailé en vadrouille au-dessus de la campagne environnante l'avertit qu'une importante colonne approchait par la route d'Osmatha. Dans le groupe de tête, chevauchait un homme enveloppé dans une ample cape immaculée, capuche relevée sur la tête. L'orinx pouvait voir étinceler son camail d'or. C'était la marque du frère-seigneur gouvernant la seigneurie d'Arganthe. C'était Argan II en personne.

            Cela justifiait mille fois qu'Inna remette à plus tard son compte rendu à ses frères Sylvestres. Elle retourna donc auprès du Guide et attendit avec lui l'arrivée de la prestigieuse délégation.

***

            L'elfide perçut bien avant le Guide les cliquetis que produisaient les harnachements des montures du cortège seigneurial.

            – Ils arrivent ! annonça-t-elle joyeusement en bondissant sur ses pieds.

            Elle fut tentée de courir jusqu'à la route pavée qui bordait la prairie du côté du levant, mais la placidité du Guide Benth l'incita à n'en rien faire. L'heure n'était effectivement pas à la fête, mais plutôt à la retenue et au respect. L'avant-garde de trente chevaliers d'Arganthe apparut enfin, au loin. En pénétrant sur la prairie, elle se scinda en deux colonnes pour former une double haie en marche dans laquelle s'engagèrent quatre cavaliers. Inna sut identifier trois d'entre eux. Celui qui chevauchait en tête était le maître-chevalier Arkan d'Yl, l'officier en chef du corps d'élite de l'armée d'Arganthe. Il portait le plastron d'armure doré et la cape azur de son rang. Son visage était encadré d'une barbe poivre et sel, finement taillée. Suivait un Vénérable, reconnaissable à sa chasuble bleu ciel et à sa calotte cubique. Sa présence se justifiait par son appartenance au conseil des Vénérables, considéré comme la mémoire vivante des seigneuries. Cette institution était en outre conservatrice de ses archives les plus secrètes et les plus anciennes. À coup sûr, pensa Inna, cet humain était parmi tous les autres le mieux placé pour percer le mystère de la chose.

            Trottant à sa droite, Argan II saurait pour sa part prendre les bonnes décisions. Et s'il était quand même saisi d'un doute, il pourrait compter sur l'intuition de sa conseillère elfique, dame Korissande. Inna s'intéressa davantage à cette prestigieuse congénère chevauchant avec élégance un grand cerf blanc, qu'au frère-seigneur qui, au fond, n'était qu'un homme, un brin pompeux au regard d'un elfe.

            Korissande était vêtue d'une robe de voiles bleu nuit, dont les ondulations dans la brise donnaient l'étrange impression qu'elle n'était tissée que de brume. Le teint laiteux de son visage et sa chevelure blanche aux reflets bleutés ajoutaient à son apparence éthérée. Par contre, lorsqu'elle s'exprimait ou fixait un interlocuteur droit dans les yeux, sa présence n'avait rien de vaporeux.

            Enfin, maintenant la distance protocolaire, suivait Othon d'Ys.

            Le groupe s'arrêta à une dizaine de pas derrière la chose, et la surprise se lut sur le visage du maître-chevalier.

            – Et alors, où est-il, ce disque de ténèbres ? s'exclama-t-il avec autorité.

            Benth qui s'était levé dès l'apparition des chevaucheurs et s'était figé en une posture d'attente respectueuse, mains croisées devant lui et tête inclinée, releva le menton pour répondre :

            – Il est là, seigneur chevalier, entre vous et moi. Mais vous ne pouvez le voir d'où vous vous tenez, parce qu'il n'a pas d'envers.

            – Pas d'envers ? Fichtre, voilà qui défie le bon sens. Je comprends mieux maintenant l'embarras du chevalier Othon à me le décrire. Sa Seigneurie peut-elle avancer sans danger ?

            – En passant suffisamment au large, je le pense, répondit le Guide en indiquant d'un geste circulaire l'écart que devait effectuer le frère-seigneur.

            – Merci, seigneur Benth, lança ce dernier.

            Flanqué de son maître-chevalier et du Vénérable Cibur, il rejoignit le Guide en menant sa monture au pas. Korissande les suivait de peu. Elle échangea au passage un regard avec l'elfe Sylvestre qui ne put maîtriser son admiration pour une personnalité elfique de si prestigieux lignage. Tous mirent pied à terre, y compris l'escorte impériale. Argan II salua à l'elfique Inna qui fit de même, le cœur quasiment figé d'émotion, puis s'adressant au Sage il s'enquit :

            – Vénérable Cibur, savez-vous de quoi il s'agit ?

            – Je n'en ai pas la moindre idée, Seigneur.

            – Et vous, dame Korissande, pouvez-vous nous dire si cela représente un danger pour les seigneuries ?

            – Toute chose inconnue est une menace, répondit l'elfe, celle-là davantage encore par son obscurité et son étrangeté.

            – Ce pourrait-il que ce soit une création de l'Obscur ? envisagea le frère-seigneur. En ce cas, comment interpréter qu'elle ait craché cette pièce de tissu ?

            Il désigna de l'index la boule de laine tricotée, que personne n'avait touchée depuis qu'elle avait été expulsée par la bouche circulaire. C'est alors qu'Inna repéra sous le disque d'obscurité un petit objet dont la couleur verte se confondait avec l'herbe. Elle s'avança.

            – Que faites-vous, damoiselfide ? s'inquiéta Arkan d'Yl.

            – Quelque chose m'intrigue.

            – Soyez prudente.

            La jeune Sylvestre s'accroupit puis, tout en jetant des regards anxieux vers le disque d'obscurité, étendit le bras pour ramasser l'objet dont la nature, l'usage et la matière même lui étaient totalement inconnus. Elle revint le présenter, couché sur sa paume droite, au frère-seigneur qui l'examina sans le toucher.

            – Ce pourrait être une sorte de crayon, mais… il est creux et n'a pas de mine.

            – Il en a une, objecta Inna, très fine et noire.

            Elle pointa de l'index l'extrémité du critérium.

            – Ah oui, en effet. Voulez-vous bien reposer cela où vous l'avez trouvé, s'il vous plaît ?

            Inna acquiesça, puis s'exécuta. Le frère-seigneur se tourna vers sa conseillère elfique :

            – Ne ressentez-vous donc rien, Korissande ? s'étonna-t-il.

            – Le vide, rien que le vide. Ce disque est un trou, peut-être une porte sur un ailleurs qui pourrait être l’Entre-deux-mondes[2].

            – Comment en être sûr ?

            – En y plongeant...

            – Avec la certitude de n'en revenir jamais, enchaîna le frère-seigneur, voilà qui ne rendra pas facile la décision à un éventuel volontaire.

            – Avant d'en venir à un tel sacrifice, Votre Seigneurie, intervint Arkan d'Yl, je pense que nous pouvons tenter autre chose.

            L'elfe des Brumes le considéra, lut son idée dans son regard et en parut effrayée.

 

8

Le visiteur

 

            Le professeur jeta avec irritation son stylo sur son bureau. Après avoir minutieusement consigné dans un carnet les éléments de réflexion et les événements de ces dernières quarante-huit heures, il s'était attelé à son travail de physicien. Cela faisait à présent près d'une demi-heure qu'il tentait de faire avancer un calcul complexe, sans succès parce que sans parvenir à se concentrer plus d'une minute d'affilée. La présence, face à lui, de l'objet singulier était devenue trop obsédante. Il avait passé tout son dimanche et une grande partie de son lundi – puisque finalement il n'était pas allé travailler à l'hyper-synchrotron et qu'on ne l'avait pas supplié de venir – à réfléchir et à tenter quelques menues expériences, guère concluantes. Serena donnait des cours à la faculté, mais il était convaincu qu'elle n'avait pas plus que lui l'esprit aux équations et aux démonstrations mathématiques.

            Il consulta sa montre.

            – Quinze heures, soupira-t-il, comme s'il avait encore à se morfondre deux cents ans dans cette vie avant le nirvana.

            Et il pensa : « C'est bien la première fois depuis mes huit ans que j'ai l'impression de m'ennuyer. » Prendre un livre ne le tentait pas, aller se promener avec Einstein dans le parc, il l'avait fait peu avant, regarder un quelconque sitcom la télévision aurait signifié qu'il était victime d'un dangereux ramollissement cérébral... Alors ?

            – Einstein, dis-moi, qu'est-ce que tu aurais envie de faire ?

            Le corniaud, qui se vautrait voluptueusement dans le fauteuil de son maître, montra sa truffe, bâilla, puis laissa retomber sa tête en émettant un râle d'aise.

            – Merci pour ton aide.

            Le savant se mit une nouvelle fois à contempler le disque de ténèbres. Il eut alors l'idée de tenter une autre expérience : y jeter un message écrit, et dessiné, dans une bouteille en plastique. Il le terminerait en demandant à celui qui le lirait de le lui renvoyer avec une preuve d'existence :

            – Un caillou par exemple, suggéra-t-il à voix haute.

            Avec l'enthousiasme d'un collégien écrivant un poème d'amour, il saisit un papier et son stylo, puis se mit à la tâche. C'est alors que le trou quantique se chargea de lui trouver une occupation. À peine avait-il rédigé la première phrase de son message, que le choc sourd d'un objet lourd tombant sur le parquet le fit sursauter. Curieusement, Einstein ne souleva pas même une paupière. Son maître regarda le disque et se raidit en lâchant un juron : « Oh merde ! » Quelqu'un venait de débarquer chez lui.

            Lentement, le souffle court, il se leva de son siège.

            – Einstein, viens ici, ordonna-t-il sans élever la voix. Einstein, au pied !

            Le chien fit d'abord le mort. Puis finalement, n'étant pas si cabot, il se résigna à rejoindre son maître qui, bizarrement, émettait de fortes ondes de peur, alors que rien alentour ne le justifiait. Comment aurait-il pu sentir un éventuel danger, puisque Julius Kovalch était le seul être au monde capable de voir la créature humanoïde que venait d'expulser la brèche quantique ? Comme groggy par sa chute, le visiteur se tenait accroupi, un genou en appui sur le sol, dos courbé, le bras gauche replié en protection sur sa tête.

            Le cœur battant la chamade, le professeur contourna son bureau. C'était un sacré gaillard qui venait de lui tomber du ciel ! Sa puissante musculature roulait sous une peau grise et son buste nu était plus volumineux que celui d’un catcheur poids lourd. En dessous, il portait un pantalon de cuir épais, maculé de boue et de poussière.

            Il se redressa enfin.

            Alors, de ses prunelles noires comme la mort, il toisa le petit bipède planté près d'un bureau de bois, qui le fixait avec des yeux exorbités autant de stupeur que d'effroi. Ce Hulk gris dégageait une puissance terrifiante, ainsi que l'odeur forte mais pas nauséabonde, plutôt celle d'un grand félin. Il portait au cou un collier d'où pendait une chaîne à gros maillons. Lui liant les mains au passage, celle-ci descendait jusqu'à ses pieds, chaussés de lourdes bottes noires qu'elle entravait. Son torse de bodybuilder était couvert d’un fin pelage tandis que, paradoxalement, sa face était imberbe. Ses traits grossiers, avec des paupières lourdes et un maxillaire inférieur large et carré, pouvaient suggérer un esprit primitif. Pourtant, dans son regard luisait une certaine forme d'intelligence, pour ne pas dire une intelligence certaine.

            Tout à coup, il émit une série de sons, rauques mais parfaitement articulés :

            – Ourou-akaï ! Kabé kadaï, bata, aka !

            Le physicien esquissa un sourire, tout en levant les mains en signe d'apaisement. Puis il tenta une réponse :

            – Bonjour. Bienvenue… Mon Dieu, je suis complètement ridicule, ajouta-t-il, pour lui seul.

            Son regard fut alors accroché à sa droite par l'épée médiévale qu'il avait posée en appui contre les rayonnages de livres. Le colosse la découvrit à son tour. Aussitôt, un vif intérêt luisit dans ses yeux quasiment dépourvus de blanc. La confrontation immobile se poursuivit néanmoins. S'efforçant de maîtriser sa peur, Julius Kovalch se demanda à quel genre d'engeance il avait affaire, et très vite une hypothèse lui vint à l'esprit :

            – Un orque. Vous êtes un orque, n'est-ce pas ?

            Le visiteur devait connaître ce mot, car il réagit :

            – Orrrque ! gronda-t-il.

            Il sembla même qu'il opinait du chef.

            – Saperlipopette ! Jura le physicien en se passant une main dans les cheveux. J'ai un orque de Sauron dans mon salon.



[1] Hypothèse émise par des physiciens selon laquelle il existerait des « raccourcis » dans l'espace-temps, permettant de dépasser la vitesse de la lumière imposée par les lois de la physique classique.

[2]La cosmogonie d'Erründ'hil établit que le monde de l'Ici est séparé de celui de l'Occulte par une dimension intermédiaire. Celle-ci est constituée de couloirs et de passages par lesquels transitent les âmes des défunts, mais également où errent des esprits perdus ainsi que toutes sortes d'entités sombres. Certaines, parmi les plus puissantes, sont liées à l'Immonde. Cette entité souveraine, dont nul n'a jamais vu le visage et dont on ignore même la véritable nature, gouverne les contrées hostiles qui s'étendent au nord des seigneuries, par delà une haute muraille-frontière, dite d'Akar, que jalonnent de nombreuses tours. Ce sont les Mondes Morts, des terres de non-vie qui ne demandent qu'à s'étendre.

 

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